On entre avec ce morceau dans le domaine des oeuvres qui ont connu une
consécration officielle, puisque l'Ode à la joie est l'hymne
officiel européeen depuis 1972 (à noter que la version officielle de
l'hymn est un arrangement purement orchestral du au grand chef d'orchestre
Herbert von Karajan). On ne saura jamais si Beethoven aurait apprécié le
texte, lui dont les opinions politiques connues se résument à sa
fascination pour Bonaparte (auquel il dédie sa Troisième Symphonie) puis
sa détestation du Napoléon qu'il devient ensuite (il raye une autre
dédicace, celle du cinquième concerto pour piano, qui a tout de même gardé
pout titre L'Empereur).
L'idée d'écrire une musique pour accompagner le texte du poème de
Schillertrottait dans la tête de Beethoven depuis bien longtemps,
puisqu'on peut retracer son intérêt pour ce texte depuis 1792. Le thème
musical associé apparait, quant à lui, dans diverses oeuvres (sous des
formes légèrement modifiées) antérieures à la neuvième symphonie, qui ne
sera créée qu'en 1824. Pour couronner sa production symphonique et
encadrer cet hymne, Beethoven s'est offert la plus grandiose de ses
oeuvres, une gigantesque symphonie avec intervention de choeurs et de
solistes vocaux dans le dernier mouvement (une première !), dont chaque
mouvement est aussi long que certaines symphonies de Haydn. L'Ode à la
joie est un des morceaux emblématiques de son auteur, on le retrouve
dans une musique de pub pour Fisher-Price, et foule de films, du
Cercle des poètes disparus de Peter Weir à Piège de
cristal de John McTiernan en passant bien sûr par Orange
mécanique de Stanley Kubrick, peut-être la reprise la plus frappante.