Verdi présente, tout au long de sa longue carrière, une intéressante
évolution musicale. Sans avoir cherché à révolutionner son art comme a pu
le faire un Wagner à la même époque, il est passé en quelques décennies
d'un opéra assez figé et englué dans ses règles à quelque chose chose de
beaucoup plus libre et fluide. Il a déjà bénéficié pour cela de léapport
d'un Rossini, qui a beaucoup contribuer à désintégrer la structure de
l'opéra classique (enchainement d'airs et de récitatifs). Mais dans sa
première période, qui s'étend jusqu'à ses opéras les plus populaires comme
La Traviata, il reste assez proche du modèle classique. Il a su
ensuite modifier sa façon d'appréhender la scène pour se rapprocher en
fait du modèle wagnérien (sans en reprendre toutes les caractéristiques) :
flot musical continu, et orchestre qui se fond dans la ligne mélodique au
lieu de simplement l'accompagner. De ce point de vue, ses deux derniers
opéras, écrits alors qu'il avaiot près de 80 ans, sont très révélateurs,
et on peut tracer une filiation évidente de Verdi vers son successeur au
sommet de la scène lyrique italienne : Puccini.
Du strict point de vue de la musique, Verdi reste influencé par le bel
canto mais y ajoute une orchestration puissante assez typiquement
romantique. Ses ouvertures en particulier, sont de véritables petits
drames symphoniques à elles seules. L'une des plus extraordinaires est
celle de La Force du destin, connue chez nous comme musique des
films Jean de Florette et Manon des sources de Claude
Berri. Elle est aussi reprise dans Un long dimanche de
fiançailles de Jean-Pierre Jeunet, et un certain nombre de navets.