Impossible de parler de Chopin sans parler du piano. Il fut un cas à peu
près unique dans l'histoire de la musique, écrivant presque exclusivement
pour son instrument de prédilection. Je n'ai pas connaissance d'une seule
oeuvre que Chopin ait écrite ne faisant pas intervenir cet instrument (il
a écrit quelques oeuvres de musique de chambre et deux concertos, pour
piano bien sûr). La plupart de ses oeuvres sont des oeuvres courtes,
Chopin ne se sentant pas à l'aise avec les formes traditionnelles. Il fut
bien sûr également un virtuose, mais joua en fait très peu en concert (à
peine plus d'un concert par an en moyenne pendant ses quinze dernières
années), étant atteint de trac. La comparaison qu'on fait de lui avec
d'autres musiciens de son époque, notamment Liszt, parait donc assez
injustifiée. Chopin est un artiste isolé, même au sein de la communauté
romantique, et sa musique n'a pas vraiment trouvé d'équivalent chez des
compositeurs ultérieurs.
Parmi les caractéristiques du piano de Chopin, on peut noter l'importance
de la technique, bien que de façon très éloignée de celle d'un Liszt,
constamment aux limites de la virtuosité gratuite. De technique, il est
bien sûr question dans ces douze études dont un critique dira qu'il valait
mieux avoir un chirurgien à sa disposition si on avait encore les doigts
en bon état avant de s'y attaquer. La dernière de la première série
d'études de Chopin est devenue très célèbre, mais pour une fois, je ne
citerai pas de reprise au cinéma, y a que des daubes.