Wagner contre Brahms, telle fut l'une des plus belles affiches de lutte
entre compositeurs au dix-neuvième siècle. Lutte essentiellement
orchestrée par les critiques, car bien que Brahms ait souvent fait part de
son scepticisme vis-à-vis de la musique moderne (de son époque), il se
désintéressa du débat, et reconnaissait même en privé un certain respect
pour les oeuvres de Wagner. Pire que cela, Brahms le classique fut
présenté comme novateur caché par quelques compositeurs du vingtième
siècle, au premier rang desquels Arnold Schönberg (il suffit d'ailleurs
d'entendre la Nuit transfigurée de ce dernier pour comprendre
l'influence que Brahms eut sur lui dans sa jeunesse). Autre aspect du lien
entre Brahms et ses contemporains : le "sponsoring". Il fut mis en selle
par Schumann dans sa jeunesse, et renverra l'ascenseur à Dvorak en le
recommandant à son éditeur.
C'est ainsi qu'on retrouve dans les oeuvres de ces deux ompositeurs deux
ensembles très proches : les Danses hongroises du premier et les
Danses slaves du second. Rappelons à propos de ces danses
qu'elles furent écrites pour piano à quatre mains, et que les
orchestrations ultérieures ne sont pas, à quelques exceptions près, de la
main de Brahms., ce qui explique en partie la lourdeur de certains
passages. Cela ne les a pas empêchées de devenir très populaires,
notamment la cinquième, reprise entre autres par Charlot pour son
Dictateur.