Beethoven représente une sorte de chainon manquant entre l'époque
classique de Mozart et Haydn et le romantisme qui commence à s'épanouir
avant même qu'il ne soit mort. Pourtant, sa musique ne ressemble ni à l'un
ni à l'autre ! Certes, à ses débuts, on sent l'influence des formes
classiques (sa première symphonie est héritière de Mozart), mais Beethoven
évolue rapidement vers un langage plus personnel et en fait assez unique.
S'appuyant souvent sur des cellules mélodiques courtes, ses développements
sont beaucoup plus fouillés que ce qui se faisait jusque là, et même en un
sens que ce qui se fera après. Plus encore que dans ses oeuvres
orchestrales, ses cycles de sonates pour piano et de quatuors à cordes
présentent une évolution extraordinaire et explorent des territoires
qu'il fut le seul à fouler de son temps.
Dans le cycle de trente-deux sonates, on distingue généralement trois
périodes. La plus célèbre de toutes les sonates beethoveniennes, dite
"Clair de lune", appartient à la seconde période, où il reste fidèle à la
structure classique, tout en développant son propre langage. Le premier
mouvement est devenu l'un de ses airs les plus connus, caractéristique de
son soi-disant romantisme. Il est audible dans Misery de Rob
Reiner, Elephant de Gus van Sant, Confessions d'un homme
dangereux de George Clooney, Entretien avec un vampire et
beaucoup d'autres.