Wagner fut beaucoup plus qu'un simple musicien : révolutionnaire pendant
les événements de 1848 à Dresde, penseur (il a étudié Schopenhauer, puis
influencé, positivement puis négativement, Nietzsche), écrivain (il
rédigeait lui-même ses livrets d'opéra, mais également beaucoup d'autres
oeuvres), un esprit bouillonnant qui a marqué son temps. Si on s'en tient
à la musique, Wagner a beaucoup fait évoluer l'opéra (préfigurant sans le
savoir le rôle de la musique dans au cinéma au siècle suivant). Son
concept d'oeuvre d'art total impliquait une musique totalement et
continuellement intégrée à l'action (auparavant, les opéras étaient plutôt
découpés en courts morceaux bien identifiables), sous forme de
leitmotive (cellules mélodiques associées à un personnage, un
objet ou un événement important). La musique de Wagner elle-même est
souvent puissante, mais surtout formidablement construite, et préfigure
harmoniquement tous les chamboulements du début du vingtième siècle.
Le peu de thèmes vraiment célèbres dans l'oeuvre de Wagner provient
justement de la forme de ses opéras (à peu de choses près la seule musique
qu'il ait écrite), où il est difficile d'isoler de courts passages
représentatifs. Parmi les exceptions, ce Choeur de fiancailles,
devenu à l'égal de la Marche nuptiale de Mendelssohn un classique
des mariages. Il a, du coup, été régulièrement repris au cinéma, citons
Le Journal de Bridget Jones, Celebrity de Woody Allen,
Le père de la mariée (épisodes 1 et 2) de Charles Shyer, Out
of Africa de Sydney Pollack.