Compositeur romantique, Berlioz le fut jusqu'à la démesure, et même
sûrement au-delà. Fils de mèdecin, il était destiné par ses parents à
cette noble carrière, mais c'est la musique qui l'intéresse. Il apprend
d'abord seul dans son Isère natale puis, une fois à Paris, s'inscrit au
Conservatoire plutôt qu'en mèdecine. Il remporte le prix de Rome à sa
quatrième tentative, mais fait surtout exécuter pour la première fois
cette même année 1830 sa Symphonie fantastique, inspirée par sa
passion pour une actrice irlandaise. Cette oeuvre flamboyante suffira à
lui assurer une célebrité durable. Il commence peu après à écrire des
critiques musicales pour gagner sa vie, occupation qu'il conservera
longtemps. Il épouse enfin son actrice, mariage qui ne sera guère heureux.
Et musicalement, il accumule les excès, d'un Requiem monumental à
son ultime opéra Les Troyens, dont l'ampleur rebutera tous les
théâtres. Peu compris de son vivant, bien qu'il ait tenté de justifier ses
théories notamment dans un traité d'orchestration qui fera date (il y
recommande l'utilisation d'un orchestre de plus de 500 exécutants, dont
une trentaine de pianistes), il restera pourtant la figure marquante du
romantisme français, peut-être plus célebrée après sa mort que de son
vivant.
Son oeuvre la plus marquante, la Symphonie fantastique, est un
curieux exemple de musique à programme, décrivant les délires du jeune
musicien amoureux qu'il était à l'époque. Le dernier mouvement le voit au
milieu d'un sabbat de sorcières, ce qui permet à Berlioz une géniale
déformation du Dies Irae (quelques minutes après le début du
morceau), reprise non moins génialement par Stanley Kubrick pour
l'introduction de son Shining.