Mendelssohn est un cas un peu à part parmi les grands musiciens
romantiques allemands. Contrairement à un Schubert ou un Schumann, son
talent fut toujours reconnu, et il cumulait qui plus est celui de
compositeur avec bien d'autres. Né dans une famille juive déjà bien
installée (son grand-père fut un philosophe assez connu de son temps), il
se convertit au protestantisme dans sa jeunesse (d'où son deuxième nom :
Bartholdy), et entama dès sa plus tendre enfance une carrière en tous
points remarquables. Il apprend la musique avec sa soeur Fanny (à peu près
aussi douée que lui, et elle-même compositrice, mais le métier n'était pas
facile pour les filles à l'époque), et se produit en concert au piano dès
l'âge de dix ans. Il devient même un protégé de Goethe, pour qui il joue
régulièrement.
La suite sera tout aussi impressionnante : il compose des chefs-d'oeuvre
dès l'âge de 16 ans, devient un chef d'orchestre immensément réputé (il
exhume à Leipzig les grandes oeuvres religieuses de Bach) avant ses 20
ans, prit la tête du Gewandhaus de Leipzig (l'un des plus grands
orchestres existant à l'époque), séjourna régulièrement en Angleterre où
il devint un favori de la reine, et connut aussi le bonheur conjugal. Tout
cela allait pourtant connaitre une fin brutale : le suménage et la mort
inattendue de sa soeur provoquent une attaque cérébrale dont il ne se
remettra jamais, et il meurt à 38 ans, rattrapé peut-être par
l'inéluctable destin du compositeur romantique.
L'extrait proposé ici est tiré de son Concerto pour violon, un
des plus classiques du répertoire. C'est, comme tous les chefs-d'oeuvre de
Mendelssohn, une oeuvre d'une grande limpidité (ce qui explique peut-être
qu'il passe parfois pour un demi-romantique). Il a été repris dans
Humoresque de Jean Negulesco, et dans Comédie érotique d'une
nuit d'été de Woody Allen.