Mon avis personnel sur les disques de Sonata Arctica
- Sonata Arctica - Ecliptica (1999) ★ ★ ★
Fin du millénaire dernier, alors que le metal speed est un genre à la
mode et qu'il est même devenu une spécialité finlandaise (notamment
grâce à Stratovarius), le premier album d'un groupe venu du froid
reçoit un accueil enthousiaste assez unanime chez les fans du genre. Le
genre de disque fait pour moi donc ? Eh bien je dois admettre que la
réputation de ce disque me semble assez grandement exagérée. On peut
sûrement l'expliquer par le fait que, contrairement à d'autres qui ont
pas mal tâtonné avant de proposer un contenu vraiment convaincant, le
tout jeune groupe (une vingtaine d'années de moyenne d'âge à l'époque)
semble déjà en pleine possession de ses moyens, à quelques
approximations du chanteur près (surtout quand il essaye de chanter aigu
pour faire comme tous les autres chanteurs de speed alors que sa voix
n'est clairement pas faite pour ça). Mais même au maximum, ce qu'ils
produisent ressemble quand même sérieusement à un gros alignement de
clichés (les guitares hyper speed mais brouillonnes de Blank
file, le clavier en mode clavecin, la ballade crémeuse accompagnée à
la flûte Letter to Dana), sans jamais avoir l'étincelle de folie
qui permette de tout emporter sur son passage (Picturing the past
est le seul titre vraiment irrésistible du disque à mon sens), ou la
mélodie hyper bien troussée qui se retient toute seule (en fait, niveau
lignes vocales, on penche dangereusement du côté d'une pop quelconque).
Après, ça reste très bien fait et tout à fait agréable à écouter pour
qui aime le genre, mais il faut remettre les choses à leur place, c'est
"seulement" un bon album, rien de plus.
- Sonata Arctica - Silence (2001) ★ ★ ½
Avec ce deuxième album au titre surprenant (on ne peut pas dire que la
musique du groupe soit chiche en décibels), Sonata Arctica confirme
assez exactement mon avis donné sur leur premier disque : une musique
hyper balisée qui navigue entre les titres speed aux refrains pop un peu
faciles avec claviers qui en font des tonnes (c'était le chanteur qui
gérait les claviers dans leur premier opus, ils ont embauché un musicien
supplémentaire pour celui-ci, du coup c'est encore pire de ce point de
vue) et ballades avec piano terrifiantes de mièvrerie (Tallulah,
quand même, c'est assez dur à avaler). On a même droit cette fois-ci à
un court instrumental (Revontulet) plutôt rigolo dans son côté
totalement exubérant. L'ensemble est à nouveau tout à fait sympathique
quand on aime le genre, mais tout autant frustrant car on sent
parfaitement que le groupe pourrait faire infiniment mieux s'il ne
cédait pas autant à la facilité : cette fois-ci le titre qui sort du lot
est Wolf and raven, réellement irrésistible avec son chant
rageur. Mais c'est une nouvelle fois le seul à se situer au-dessus du
"bon sans plus".
- Sonata Arctica - Winterheart's guild (2003) ★
Après deux premiers albums pleins de fougue juvénile mais manquant de
profondeur au niveau du contenu musical, Soanata Arctica semble décidé à
se poser un peu plus, et leur nouveau disque ralentit globalement le
tempo (enfin, y a encore plus de ballades nunuches quoi), et allège les
accompagnements, qui deviennent même par moments aux frontières de
l'indigence (le très bizarre Broken). Et du coup, on voit encore
plus clairement qu'ils n'ont essentiellement rien de nouveau à raconter.
Un ou deux titres rapides potables (Victoria's secret, malgré son
titre improbable), mais aussi une tentation néoclassique mal digérée
(Champagne bath et sa section de solos complètement foirée), des
ballades insupportables (The Misery, Draw me) qui feraient
tâche au milieu d'une set-list de tubes FM, et enfin, et c'est peut-être
le plus inquiétant, des lignes vocales souvent carrément moches (The
Ruins of my life, entre autres). Bref, pas grand chose à sauver,
même si l'envie manifeste des musiciens donne encore envie de ne pas les
dézinguer complètement. M'enfin, encore un ou deux albums comme ça et je
passerai quand même à autre chose.
- Sonata Arctica - Reckoning night (2004) ★ ★
Définitivement, Sonata Arctica est un groupe frustrant, pour ne pas dire
franchement agaçant. Pour ce quatrième album, ils ont beaucoup moins
forcé sur les ballades que sur le précédent (ouf !) et font
indiscutablement preuve de plein de bonnes intentions, mais arrivent à
chaque fois à les gâcher partiellement (quand ce n'est pas totalement).
Par exemple, la volonté de faire de White pearl, black oceans une
longue piste épique portée par ses choeurs (de toute façon, des choeurs,
il y en a partout dans l'album, avec même un peu d'influence
Queen surprenante sur The Boy who wanted to be a real
puppet), mais qu'est-ce que c'est mielleux et gnangnan (le titre
reste écoutable mais aurait pu et du être nettement meilleur) ! Pourtant
je ne suis pas franchement allergique au glucose, mais là on a vraiment
beaucoup trop souvent de la ligne mélodique bien crémeuse à peine
accompagnée par une guitare et une batterie en mode pilotage automatique
(faut dire qu'ils ont pas grand chose à faire, les claviers ont plus de
boulot). Même sur un Wildlife plus énervé (le groupe essaie de
refaire, sans y arriver, le coup de Wolf and raven deux albums
plus tôt), ça finit par partir complètement en vrille sur un solo
presque gênant tellement on a l'impression que les notes ont été
balancées au hasard. En fait, c'est sur les morceaux les plus
classiquement speed que le groupe s'en sort le mieux (Misplaced,
Don't say a word, My Selene) et propose des titres sympa
même si là encore bien cliché. Pas de pot, à partir de l'album suivant,
ils vont décider de laisser tomber les titres au tempo rapide pour faire
quelque chose de plus complexe et réfléchi. Bon, ben sauf miracle
improbable à l'écoute, je me dispenserai d'analyse détaillée pour la
suite de leur discographie...