Mon avis personnel sur les disques de Neurosis
- Neurosis - Pain of mind (1987) ★
Vous le savez, j'ai l'habitude d'écumer la discographie des groupes sur
lesquels je me penche de façon strictement chronologique, sans esquiver
des premières propositions parfois difficiles à apprécier. Dans le cas
de Neurosis, c'est à la fois nécessaire et douloureux. Nécessaire pour
comprendre comment le groupe a pu, émergeant de nulle part, créer un
univers aussi personnel et acquérir un statut culte (sans forcément
rencontrer un succès foudroyant) à partir de son troisième disque, mais
douloureux car ce premier opus n'est qu'une prémisse bien lointaine de
ce que le groupe produira plus tard. Quand on lance la première piste,
on a même envie d'arrêter tout de suite tant la production est ratée :
son très brut et grésillant, mix mal fichu (batterie trop en avant,
guitares souvent inaudibles) qui rend tous les passages rapides
(nombreux, dans la mesure où les influences punk sont fortes sur ce
disque) semblables à un gros bordel dont n'émergent, hélas, que les cris
très disgrâcieux du vocaliste (on ne peut pas vraiment parler de chant à
ce niveau-là, ça ressemble au mieux à une sorte de Kurt Cobain du pauvre
en mode très énervé). Bref, c'est très moche, et accessoirement assez
répétitif (les titres sont calibrés à 3 ou 4 minutes, voire moins pour
certains, très loin des chansons à rallonge dont le groupe se fera une
spécialité ensuite). Mais si on insiste un peu, ce qui sauve le disque
de la nullité, c'est le fond instrumental, dans les intros notamment
(avant que ça chante...), qui laisse entrevoir une certaine personnalité
(la basse très audible notamment, qui donne un cachet indéniable), avec
des ambiances plus rock que metal qui auraient en fait mérité d'être
développées autrement. Peut-être même que le matériau musical de base
aurait pu être celui d'un bon disque, mais pas d'un album de metal
hardcore comme celui proposé. Une erreur de direction qui n'aura pas de
conséquence trop fâcheuse pour le groupe, qui pourra enchaîner sur des
choses beaucoup plus intéressantes ensuite.
- Neurosis - The Word as law (1990) ★ ★ ★ ½
Pour son deuxième essai, Neurosis évolue mais garde encore (hélas pour
certains) une grande partie des marqueurs de son premier essai : le son
reste assez brut, quoique ce soit déjà plus détaillé et nettement plus
lisible que sur leur premier disque. Mais surtout, le chant est toujours
aussi moche, et c'est assez rédhibitoire pour espérer rentrer dans la
catégorie des grands albums (pourtant, ils s'y mettent à deux ou trois,
parfois en duo, mais il n'y en a pas un pour rattraper l'autre, c'est
hurlé sans nuance). Et quel dommage, car côté instrumental, Neurosis est
en train de trouver sa voie, et franchement, ce qu'ils proposent est
déjà assez phénoménal. Atmosphères surprenantes et inquiétantes, basse
hyper en avant (à ce point, je ne suis pas sûr d'avoir déjà entendu ça
chez un groupe de metal, on a vraiment très souvent l'impression que les
guitares sont là pour accompagner la basse et non le contraire, écoutez
par exemple To what end ? pour vous faire une idée), et des
titres qui prennent doucement leurs aises, ralentissant souvent le tempo
et s'étendant au-delà des cinq minutes pour laisser la place aux riffs
sinueux et aux développements inattendus (solos de basse notamment, bien
entendu !) de bien s'installer. Si l'album avait été prévu comme un pur
instrumental expérimental, il eût été géant. Tel quel, c'est déjà une
promesse de quelque chose d'inouï (au sens propre), pas aboutie mais ô
combien attachante malgré tout.
- Neurosis - Souls at zero (1992) ★ ★ ★ ★ ★
Si le deuxième album de Neurosis leur avait permis de montrer un énorme
potentiel après un premier disque assez mal fichu, soyons honnête, il
était malgré tout très loin de pouvoir laisser imaginer un tel choc à
l'écoute de leur troisième tentative. À vrai dire, rien n'aurait pu
préfigurer la bombe qu'est Souls at zero, tant le groupe a ici changé
d'univers, ou plutôt, ce qui est encore plus fort, créé de toutes pièces
un univers unique et impressionnant. Oubliés la production un peu crade
et les relents punk (même si on conserve ici des tempi assez enlevés sur
certaines pièces, qui disparaîtront complètement dans les albums
ultérieurs), le son est limpide et ce sont les instruments qui créent
une musique tranchante comme une lame de rasoir : guitares aiguës
dépressives (limite stridentes) qui répètent des motifs pas vraiment
jolis mais hypnotiques, batterie qui navigue entre sonorités tribales et
relents de metal indus, utilisation de samples et d'instruments
inattendus (parcimonieuse, mais les petites intrusions de flûte sur
Flight par exemple sont vraiment superbes), le tout plante un
décor post-apocalyptique désolé dans lequel le chant crié devient une
sorte d'évidence (il est par ailleurs moins moche que sur les disques
précédents du groupe). Si on cherche une musique immédiatement
séduisante, on a frappé à la mauvaise porte, mais l'impact émotionnel,
et même purement physique, de ce que nous propose ici Neurosis, est tel
qu'on est pris à la gorge, happé, et qu'on aimerait que cette musique
pourtant peu aimable ne s'arrête jamais. Les pistes sont d'ailleurs
souvent très longues (presque 10 minutes pour certaines) pour laisser le
temps aux atmosphères glaçantes de s'installer (avec notamment de longs
passages purement instrumentaux), même si les titres plus directs sont
eux aussi impressionnants (The Web). Je pourrais de toute façon
citer quasiment toutes les pistes de l'album comme incontournables
(déjà, si on survit à l'enchaînement monstrueux de To crawl under
one's skin et de la chanson titre...). Le cri de rage déchirant
d'une génération désespérée, c'est là qu'il faut le chercher bien plus
que dans les premiers albums de la génération nu metal qui verront le
jour peu après celui-ci. Neurosis n'aura jamais le succès d'un
Korn (et encore moins d'un Slipknot...) mais, rien que
pour cet album, il le mériterait infiniment plus.
- Neurosis - Enemy of the sun (1993) ★ ½
Après avoir explosé l'année précédente avec un Souls at zero
marquant, que pouvait proposer de plus Neurosis pour son quatrième album
? Sans surprise, ils ont choisi de conserver la même atmosphère
industrielle pesante, avec grosse utilisation de samples et de
bruitages, mais ils ont voulu pousser encore plus loin le concept (ce
qui, quelque part, était probablement une des seules façons d'innover
encore) : on oublie complètement les passages rapides, là c'est
systématiquement d'une lancinante lourdeur, avec une musique qui se
raréfie jusqu'à l'excès (on a droit à de longs passages où les guitares
nous gratifient tout juste d'une note toutes les quatre ou cinq
secondes). Plus lent, nettement plus expérimental, mais hélas pas aussi
inspiré. Certes les atmosphères restent hyper travaillées, mais quand il
y a aussi peu de musique autour, ça ne suffit pas, et on finit par
trouver le temps long, sans compter la piste finale constituée de 16
minutes de percussions tribales hyper répétitives avec un didgeridoo
geignard par-dessus, là il faut vraiment s'accrocher très fort pour ne
pas couper avant la fin. Dommage, le groupe a probablement été trop
loin, mais il conserve des moments de génie fugaces qui suffisent à
sauver le disque du désastre : la mélopée orientale qui introduit et
conclut Raze the stray (la dernière minute de cette piste est
excellente d'ailleurs), le coup de massue du hurlement sur fond de
guitares énormes faisant irruption sans prévenir après la longue
introduction de la chanson titre, ou même (mais c'est plus discutable)
les cuivres étranges qui participent à l'ambiance unique de The Time
of the beast, peut-être le titre le plus intéressant du lot. Non,
tout n'est pas perdu pour Neurosis, mais cet album, peut-être sorti trop
vite après le précédent, fait un peu l'effet d'une douche froide.
- Neurosis - Through silver in blood (1996) ★ ★ ★ ★ ½
Après s'être (à mon sens) raté avec Enemy of the sun, Neurosis a
eu la bonne idée de prendre un peu plus son temps pour peaufiner son
metal si particulier avant de sortir un nouvel album. Et ça s'entend !
En totale maîtrise de ses effets et de ses atmosphères industrielles (le
ton est donné dès l'intro du premier titre, on sera en permanence
entouré de sonorités qui semblent issues des tréfonds d'une salle des
machines) sinistres, le groupe nous propose un nouveau voyage halluciné
dont on a du mal à ressortir indemne tant les émotions y sont fortes.
Les tempi lents sont désormais vraiment systématiques, le chant (assez
rare) profondément déchiré et déchirant, et le côté ultra massif de
certaines interventions de guitares produit un effet sidérant (Locust
star est sûrement le titre le plus représentatif de ces tendances).
On est souvent aux frontières d'une musique purement expérimentale (le
motif répété en continu d'Enclosure in flames), les dissonnances
sont assumées (la coda de Purify d'où émergent des cornemuses
fantômatiques est aussi un sacré moment), et le résultat, s'il ne
s'adressera clairement qu'aux amateurs de musique exigeante, est un
sommet de noirceur éprouvant et jouissif à la fois. Je continue à
préférer Souls at zero, probablement un peu plus facile à
apprivoiser, mais on tient à nouveau là un grand album.
- Neurosis - Times of grace (1999) ★ ★ ★ ★ ½
Pour son sixième album, et après trois disques particulièrement noirs et
éprouvants, Neurosis propose une légère évolution de son discours. Non,
bien entendu, ils n'ont pas troqué leurs sonorités industrielles
(toujours aussi présentes, dès l'intro Suspended in light, qui
met immédiatement dans l'ambiance) et leurs cornemuses grinçantes pour
se mettre à chanter des tyroliennes, mais la rage qui explosait
littéralement dans Souls at zero a laissé place à quelque chose
de plus contenu, toujours aussi noir et poisseux, mais qui ressemble
plus à une sorte de désespoir résigné (oui, encore une fois, le disque
est à déconseiller fortement à toute personne en phase de dépression).
Et cette évolution est palpable au sein même de cet album : si The
Doorway et Under the surface conservent le schéma désormais
classique pour le groupe d'explosions de guitares massives au milieu de
passages nettement plus minimalistes, voire expérimentaux (on a même
droit à des moments carrément planants), la fin du disque passe à autre
chose, avec pour exceptionnel sommet Away, lente déploration
principalement chantée en voix "normale" (pas criée comme d'habitude
quoi), d'une tristesse et d'une beauté à couper le souffle. Ce titre à
lui seul suffirait à rendre le disque indispensable, mais l'album dans
son ensemble propose une nouvelle fois un voyage qui, s'il est un peu
plus inégal que d'habitude (Belief ou même le conclusif The
road to sovereignty, qui convoque tout un orchestre dégingandé et
une batterie de samples pour un résultat très expérimental, peinent à me
convaincre), laissera une trace indélébile sur ses auditeurs.
- Neurosis - A Sun that never sets (2001) ★ ★ ★ ½
Depuis maintenant une petite décennie que Neurosis creuse encore et
encore le même seillon, on commence à le savoir, il ne faut pas
s'attendre à ce que la musique qu'on découvre sur ce nouvel album
respire la joie de vivre. En fait, le groupe continue sur la lancée de
Times of grace : plus vraiment énervé (les guitares massivement
saturées ne font que des apparitions très ponctuelles) mais plutôt
lentement déprimé, avec des plages qui s'étirent encore plus que
d'habitude, jusqu'à 13 minutes pour le seul Falling down. La
musique en est toujours déchirante, belle sans être séduisante (et
pourtant, ce violoncelle qui accompagne le groupe sur The Tide et
sur Falling down !), souvent minimaliste mais toujours aussi
profonde quand on prend le temps de s'immerger dans cet univers si
particulier. Alors, pourquoi une note en baisse par rapport à celle que
j'avais attribuée à leurs efforts précédents ? Tout simplement, le
voyage est un peu plus difficile à entreprendre pour moi cette fois-ci,
les titres sublimes alternent avec d'autres auxquels j'accroche moins
(la chanson titre, Watchfire), et on frôle parfois, dans ce côté
minimaliste déjà signalé, la pose un peu frimeuse qui cache mal une
musique à la limite du chiant. Comme quoi la frontière entre génie et
esbrouffe n'est pas toujours facile à tracer. Pour cette fois-ci,
Neurosis, nous gratifie quand même encore d'un excellent album, mais
comme ils ont déjà fait encore mieux dans un style qui n'évolue quand
même pas beaucoup, on devient très exigeant !
- Neurosis - The Eye of every storm (2004) ★ ★ ½
Je m'étais plaint lors de ma critique précédente de Neurosis que le
groupe se rapprochait dangereusement de la frontière entre génie et
musique poseuse barbante, je ne peux hélas que confirmer mes craintes
sur ce disque-ci. Clairement, la mue du groupe est maintenant terminée,
le côté énervé de leurs débuts a presque complètement disparu
(d'ailleurs on a droit à du chant clair et non crié une écrasante
majorité du temps) pour laisser la place à une musique toujours aussi
dépressive (les accords majeurs ont disparu du vocabulaire du groupe
depuis un moment), mais surtout à des plages de musique minimaliste aux
frontières du silence de plus en plus importantes. Et c'est là que le
bât blesse à mon goût. Faire des chansons de plus de 10 minutes à la
construction hyper peaufinée, bien sûr qu'on ne va pas s'en plaindre,
mais quand ça consiste à mettre plus de 5 minutes à vraiment démarrer la
chanson ça devient objectivement agaçant, et ce d'autant plus que le
groupe n'a évidemment pas perdu sa capacité à émouvoir, et que les
passages rasoirs alternent avec des moments absolument superbes (la fin
implacable de A season in the sky notamment). On a une belle
utilisation des choeurs, l'ensemble ne sonne d'ailleurs plus franchement
metal, peut-être d'ailleurs pas assez pour moi... Alors que beaucoup
considèrent cet album comme un aboutissement pour Neurosis, j'y entends
une grande oeuvre malade, où on a presque aussi souvent envie de couper
le son que d'entendre la suite.
- Neurosis - Given to the rising (2007) ★ ★ ★ ½
Après deux disques où on sentait le groupe partir dans la direction
douteuse d'une musique toujours plus épurée au point de devenir pédante
et un brin pénible, Neurosis se reprend. Titres un peu plus concis (bon,
de l'ordre de 8 minutes par chanson quand même), moins d'intros
interminables (la première piste rentre très directement dans le vif du
sujet) et de passages en mode "une note par mesure", ce disque est
clairement beaucoup plus accessible que ses prédécesseurs, et représente
même probablement la porte d'entrée la plus facile vers la musique de
Neurosis dans tout ce que j'ai écouté d'eux jusqu'ici (la première
partie de To the wind pourrait presque passer pour una ballade
pop douce-amère). Rassurant, mais c'est aussi ce qui fait la limite de
cet album : c'est bien, c'est propre, mais le côté très physique,
viscéral de la musique de Neurosis en prend un coup, et même niveau
"déprime intense" ce n'est plus tout à fait ce que c'était. Une chanson
comme Hidden faces, typiquement, est un bon résumé de ce que le
groupe fait très bien, mais sans plus-value notable. Il faut en fait
attendre la toute fin du disque pour sortir enfin de cet esprit "carte
de visite", avec les quelques explosions de rage de Distill, et
surtout avec le titre conclusif, Origin, aux percus tribales
discrètes, et qui retrouve tout le pouvoir évocateur du groupe dans la
catégorie "tristesse insondable", avec une éruption de guitares
inoubliable sur les deux dernières minutes. Ouf, Neurosis est encore
capable d'être très grand, mais faudrait voir à ne pas trop se laisser
aller quand même.
- Neurosis - Honor found in decay (2012) ★ ★
Il fallait bien que ça arrive : à force d'explorer toujours le même
sillon dépressif, de varier avec plus ou moins de bonheur entre
expérimentation et titres bien calibrés, Neurosis a fini par produire un
album raté. Non pas raté au sens "clairement mauvais", mais raté au sens
"insignifiant". On reconnaît bien ici le style inimitable du groupe,
avec ses nombreux samples et bruitages, son univers désespéré, ses
guitares plaintives, accompagnées cette fois-ci d'un violon dégingandé
qui a le mérite de réveiller un peu l'auditeur, mais les titres se
succèdent dans une sorte de ronronnement presque réconfortant, un comble
pour un groupe qui a su nous mettre les nerfs en pelote à de nombreuses
reprises au cours des décennies précédentes. Les éruptions de guitares
abrasives ne sont plus vraiment là, le chant est plus fatigué que
vraiment crié, pratiquement à aucun moment on ne dresse l'oreille en se
diant "waoh, là ça dépote". Alors, sans qu'on puisse dire qu'une piste
ou une autre est vraiment moins bonne (si on veut plutôt en citer une
"meilleure", Casting of the ages ressasse des gimmicks classiques
du groupe de façon très honorable), on se contente d'une écoute
agréable, avec quand même l'impression tenace d'avoir entendu une
version aseptisée de Neurosis. Et un Neurosis sans flamme, soyons
honnête, c'est franchement anecdotique.
- Neurosis - Fires within fires (2016) ★ ★ ★ ★
Les sorties se raréfient depuis un petit moment déjà chez Neurosis, et
ce dernier album provoque une autre surprise en découvrant son contenu :
seulement cinq titres, pour une quarantaine de minutes de musique ! Ce
petit format est-il la preuve d'un recul définitif de l'inspiration
(recul déjà entamé sur les disques précédents) ? Non, au contraire,
Neurosis retrouve ici une forme de sobriété bienvenue (on va à
l'essentiel, même les habituels bruitages et samples se font très
discrets ici), combinée à une sorte de retour aux sources (le chant
clair alterne avec les parties plus criées, on a des passages au tempo
rapide et aux guitares vraiment présentes) qui fait de ce disque un beau
testament pour le groupe. Beau, car si on ne retrouve pas toujours
l'ampleur des chefs-d'oeuvres du groupe, les deux dernières pistes
Broken ground et Reach sont vraiment excellentes, et
justifient amplement à elles seules de placer ce disque au-dessus de ses
trois ou quatre prédécesseurs immédiats. Testament aussi, car il est peu
probable que Neurosis enregistre encore depuis que Scott Kelly, l'un des
deux chanteurs et leaders du groupe, s'est retiré de la vie musicale
après qu'une face bien peu ragoûtante de sa personnalité a été mise à
jour (en gros, il manipule et tape ses proches). Ce ne sont pas toujours
les meilleurs qui s'en vont les premiers, mais la formidable musique du
groupe, elle, laissera indéniabelement un vide difficile à combler.