Mon avis personnel sur les disques de Megadeth
- Megadeth - Killing is my business ... and business is good ! (1985) ★ ★
Début d'une nouvelle série consacré à un groupe mythique. Assez
curieusement, alors que j'ai découvert il y a un certain temps déjà
l'intégralité de la discographie de Metallica, je ne connais de
Megadeth que le génial Rust in peace. Il est grand temps de
réparer cet oubli, et la solidarité inter-rouquins devrait logiquement
me pousser à être indulgent... Petit rappel pour ceux qui ont séché les
cours d'histoire du metal à l'école primaire : après avoir été viré
comme un malpropre de Metallica, Dave Mustaine, autoproclamé meilleur
guitariste du monde, est très vénère et veut montrer au monde entier ce
dont il est capable. Mais le temps qu'il monte un groupe (une bonne
nouvelle pour le metal) et qu'il se décide à y chanter (une nettement
moins bonne nouvelle pour le metal), Metallica a déjà sorti deux albums,
dont un Ride the lightning qui est déjà une sacrée référence.
Soyons clairs, à côté, le premier essai de Megadeth n'a aucune chance de
rivaliser. En fait, ce qu'on entend surtout, c'est effectivement que
l'ami Dave est bien énervé, mais ce côté metal brut de décoffrage est
vraiment mal géré : son moyen (même si la version remastérisée est tout
à fait correcte), chant moyen (j'avoue quand même être devenu nettement
moins allergique à la voix de Mustaine avec le temps), et un côté très
très brouillon dans les développements (les solos surtout, celui de
Chosen ones est franchement bordélique) qui rend parfois les
chansons compliquées à suivre (Rattlehead ça va à 100 à l'heure,
mais on ne sait pas trop où...). Même constat sur Mechanix, qui
va certes plus vite que le Four Horsemen de Metallica (pour ceux
qui ne suivent toujours pas au fond, c'est à peu de choses près la même
chanson), mais qui fonctionne finalement moins bien. Dommage, car sur le
fond les compos sont intéressantes, la chanson titre par exemple
fonctionne bien. Bon, on va dire que ça reste prometteur pour la suite,
mais vraiment pas assez abouti pour l'instant.
- Megadeth - Peace sells... but who's buying ? (1986) ★ ★ ★ ★
À peine un an après un premier essai perfectible, la bande à Mustaine
est de retour, et le moins qu'on puisse est qu'il ont fait de sacrés
progrès ! C'est même incroyable à quel point cet album parait pro par
rapport au précédent (et ce n'est pas du à la remasterisation pour le
coup, qui à mon avis a plutôt tendance à desservir certaines pistes en
mettant les voix trop en arrière alors que la version originale est très
bien) : bon, Mustaine chante jours pareil bien entendu, mais le son est
nettement plus maîtrisé, et surtout le bordel énervé a laissé place à un
thrash certes toujours agressif, mais d'une rigueur et d'une efficacité
assez redoutables. À tel point d'ailleurs que j'en viendrais presque à
regretter par moments que ça ne parte pas un peu plus en vrille, on
n'est pas loin d'une certaine froideur (sur The Conjuring par
exemple). Mais on ne peut pas nier que la majorité des titres sont très
bons, à commencer par Wake up dead qui montre la voie, et bien
sûr la chanson titre avec son intro à la basse qui met immédiatement
dans le bain et sa progression jusqu'à un refrain choral un peu planplan
mais qui reste en tête. On a également droit à un excellent Good
mourning/Black friday qui joue plus la carte de la balade triste
(même si on n'a pas un tempo retenu tout le long non plus) et My Last
words termine efficacement un album sans gros raté, à part peut-être
la reprise rock I ain't superstitious assez anecdotique. Malgré
tout, même s'il s'agit indiscutablement d'un (très) bon album, il me
manque un petit quelque chose côté émotionnel pour être totalement
subjugué.
- Megadeth - So Far, so good ... so what ! (1988) ★ ★ ★ ½
Manifestement, Dave Mustaine avait une certaine attirance pour les
points de suspension aux débuts de son groupe. Quoi qu'il en soit, cet
album est nettement moins souvent cité que les deux qui l'entourent
parmi les classiques de la discographie du groupe, et ... c'est assez
mérité. Non pas que l'album soit mauvais, loin de là, c'est du bon
thrash bien maîtrisé (malgré le changement de line-up), la plupart des
chansons fonctionnent très bien (l'étonnant instrumental Lungs of
hell qui ouvre l'album, In my darkest hour qui joue la carte
d'un tempo plus lent et d'une ambiance plus lourde parfaitement assumés
par le groupe), quelques autres semblent superflues (encore une reprise
inutile, cette fois-ci de Anarchy in the U.K., un Liar
dont le refrain ne ressemble à rien), et je retrouve un peu le côté
"manque d'émotions" qui m'avait un peu freiné dans le disque précédent.
Tout cela reste plus que très correct (je précise que pour cette fois je
n'ai écouté que la version remasterisée, apparemment l'original souffre
d'un son vraiment pas terrible), mais semble forcément un peu en retrait
après la progression fulgurante du groupe entre ses deux premiers albums
(et encore plus en comparaison du suivant dans la liste, mais ne brûlons
pas les étapes).
- Megadeth - Rust in peace (1990) ★ ★ ★ ★ ★
Alors même que le line-up du groupe n'arrête pas de changer (encore deux
nouveaux par rapport à l'album précédent), Megadeth a réussi avec Rust
in peace un exploit assez invraisemblable en proposant un album
quasi-parfait de bout en bout, classique absolu qui fait tout simplement
partie des meilleurs albums de metal, toutes obédiences confondues. Dès
les premières notes de l'énorme Holy Wars, on sent que le groupe
a réussi à accrocher ce petit truc en plus qui lui permet de franchir
encore un gros palier par rapport à leurs (bons) albums précédents.
Peut-être simplement un supplément de mélodie ? En tout cas ici, tout
colle, et le disque aligne les titres mémorables avec une régularité
époustouflante (seul Dawn Patrol me semble dispensable avec la
voix curieusement désincarnée de Mustaine). C'est rapide, technique sans
que ça ne devienne jamais insipide (il y pourtant quantité de solos,
mais toujours justes), la rythmique est au top (le tout début de Take
no prisoners !), instrumentalement c'est vraiment exceptionnel. Bien
sûr, il faut quand même se farcir le chant de Mustaine, mais même ça ne
suffit pas à tempérer mon enthousiasme. Rien que pour Tornado of
souls, de toute façon, la note avoisinerait déjà les cinq étoiles.
- Megadeth - Countdown to extinction (1992) ★ ★ ★ ½
Me voici donc arrivé à ce premier album post-Rust in peace qui a
déçu beaucoup de fans du groupe. Ca se comprend sans peine, surtout pour
ceux qui espéraient un disque dans la continuité du précédent, car le
groupe a vraiment opéré un changement de direction assez net. La
vitesse, la technicité, les solos de dingues et autres breaks inattendus
vantés dans le précédent opus ont quasiment disparu ici pour laisser
encore plus la place à la mélodie et à des structures très classiques,
au point que certains accuseront Megadeth d'avoir voulu faire son
Black album. En soi, ça ne me dérange pas (d'ailleurs, j'aime
beaucoup le Black album !), à condition que la qualité musicale suive.
Ici, c'est majoritairement le cas, même si on reste honnêtement un bon
cran en-dessous du chef-d'oeuvre précédent. Il y a encore des titres
bien pêchus, comme le direct et efficace Skin o' my teeth qui
ouvre l'album, ou Ashes in my mouth qui le conclut, quelques
tentatives d'originalité qui fonctionnent bien (l'intro surprenante de
Symphony of destruction, et surtout l'excellente Sweating
bullets avec son refrain super groovy), mais aussi une ballade
oubliable (Foreclosure of a dream), quelques riffs moyens ou trop
similaires (la chanson titre, par ailleurs intéressante, et This was
my life), et deux ou trois titres peu inspirés (High speed
dirt, tout le début de Captive honor). Un peu décevant vu les
antécédents du groupe, oui, mais franchement ça tient encore très bien
la route.
- Megadeth - Youthanasia (1994) ★ ★ ★ ½
Ceux qui avaient été déçu par Countdown to extinction ne risquent
pas de faire volte-face avec ce nouvel album : le choix du groupe de se
diriger vers une musique beaucoup plus mélodique, cadrée, et surtout
nettement moins agressive (il a quand même une sacrée différence dans
l'esprit avec leur tout premier album !) est complètement confirmé ici,
ça ne va pas très vite, les développements techniques sont carrément
absents (il reste des solos plutôt sympathiques mais beaucoup plus
"standard" qu'auparavant), et, incroyable mais vrai, même ce cher Dave
chante de façon plus posée et presque correcte. Après, si on n'a rien
contre cette nouvelle orientation (ce qui est plutôt mon cas), on tient
encore un album qui tient fort bien la route, avec même d'excellents
titres (le Reckoning day initial, l'un des plus énervés
d'ailleurs, avec son riff prenant), des riffs qui fonctionnent bien (un
peu trop répétés : sur la chanson titre ou Addicted to chaos,
c'est dommage, il y avait moyen de faire encore mieux avec les mêmes
bases), et des refrains mélodiques qui restent en tête (celui de
Family tree notamment). Au rang des pistes évitables, on mettra
Elysian fields et la ballade (mais oui, Megadeth se met à faire
des ballades) À tout le monde, qui tient fort bien la route mais
dont le refrain en français est simplement risible pour un francophone
(d'ailleurs, pour réellement rigoler, il faut écouter la démo de cette
piste proposée dans certaines éditions, le Dave il avait clairement pas
pris français LV1 au collège). Pour le reste, ça s'écoute vraiment tout
seul. Un peu trop même, il est vrai que l'ambition n'est plus la même
que sur un Rust in peace.
- Megadeth - Cryptic writings (1997) ★ ½
Après deux albums qui jouaient clairement la carte de l'accessibilité et
du "surtout pas trop agressif", Megadeth nous fait le coup de l'album
qui fait le choix de ne pas choisir. On reste globalement assez loin du
thrash des débuts du groupe (les solos sont carrément gentillets), mais
on retrouve quelques titres beaucoup plus rapides qui semblent un peu
s'être perdus là (The Disintegrators, She-wolf). En soi,
ce serait plutôt une bonne nouvelle... s'ils n'étaient pas si médiocres
(je trouve le refrain de She-wolf assez pénible). Pour le reste, donc,
du rock à peine heavy qui oscille entre le très correct (la chanson
d'ouverture Trust, ou Vortex malgré l'étrange tentative de
traficotage de la voix de Mustaine), le sympa mais déjà entendu (A
secret place) et le franchement paresseux (Use the man,
Sin, ou FFF et sa batterie insipide). Au final, il faut
quand même bien avouer qu'il ne reste plus assez de bonnes choses à se
mettre sous la dent pour vraiment défendre l'album, contrairement aux
précédents qui avaient encore une majorité de temps forts.
- Megadeth - Risk (1999) ★
Si j'ai avoué plus haut avoir écouté plusieurs albums de Megadeth en
version remasterisée, pour celui-ci je tenais à faire une exception en
allant chercher l'original. Pourquoi ? Tout simplement car il est assez
unanimement conspué par les fans du groupe, entre autres pour les
bidouillages électro présents ici et là, et que Dave Mustaine tentera de
gommer au maximum en effectuant le nettoyage du disque. Bon alors ok, il
y a des chichis assez ridicules (plus sur les traficotages de la voix de
Mustaine, notamment sur Ecstasy, que sur les quelques intros où
on a de l'électronique qui apparaît, d'ailleurs), mais musicalement,
est-ce vraiment si mauvais ? À première vue, pas tant que ça,
Insomnia est certes un titre qui n'a plus grand chose à voir avec
le metal (les violons...) mais qui a un côté funky plutôt sympathique. À
deuxième vue, quand même, y a pas grand chose à sauver, puisqu'il faut
attendre le Time : The End final pour retrouver un groupe qui
envoie un peu (pas longtemps d'ailleurs tant l'album se finit
abruptement). Le reste, c'est vraiment tout et n'importe quoi, de
l'ambiance Superbowl du franchement pas très inspiré Crush'em au
rock vintage de Seven (plus écoutable), en passant par plusieurs
pistes lentes et plus ou moins dépressives qui manquent d'impact
(Wanderlust). Et puis bon, il y a aussi les vrais ratages qui
n'ont vraiment rien à foutre sur un album de Megadeth : Breadline
et I'll be there poussent vraiment trop loin le concept de
"Essayons de faire un album plus accessible pour attirer un nouveau
public". En résumé, finalement, cet album est pas loin d'être une belle
bouse, en effet.
- Megadeth - The World needs a hero (2001) ☆
Beaucoup de fans du groupe considèrent Risk comme son album à
oublier. Certes ce n'était pas bien folichon, mais je ne suis pas
d'accord : le suivant est pire. Pourtant, avec un changement de line-up
conséquent, l'occasion était belle de repartir sur de meilleures bases
et de se décider à revenir au metal agressif que le groupe pratiquait à
ses débuts. C'est d'ailleurs l'ambition avouée de Mustaine sur ce
disque, mais c'est fait avec un tel manque d'envie et d'inspiration que
le soufflé retombe complètement. En fait, c'est assez terrible, on a
l'impression d'entendre un groupe de troisième zone qui essaie de se
faire sa place dans le monde du metal sans en avoir vraiment les moyens
tant les erreurs de débutants sont alignées : riffs moyens et sans
consistance répétés sans variations, solos de guitare carrément à chier
(franchement, celui de Disconnect, c'est une blague ?), refrains
tous plus pitoyables les uns que les autres (les voix traficotées de
Moto psycho ont au moins le mérite de faire rire), et un Dave qui
est tellement peu motivé qu'il chante encore plus mal que d'habitude (la
ballade Promises avec moult cordes pour accompagner est un grand
moment de nanaritude vocale). Et je passe la trompette incongrue de
Silent scorn et la piste finale incompréhensible, avec la
citation de Metallica et l'espèce d'adaptation d'une chanson de
Diamond head qui ne va nulle part. Ah si, un dernier point
pénible, les beaucoup trop nombreux passages parlés qui n'ont pas
d'intérêt (faut croire que Mustaine avait trop la flemme pour vraiment
tenter de chanter). La seule bonne piste perdue dans ce marasme, c'est
Dread and the fugitive mind avec le seul riff vraiment accrocheur
du disque. Pour le reste, on se demande vraiment où sont passées la
hargne et la technique du groupe de Mustaine...
- Megadeth - The system has failed (2004) ★ ★
Après le désastreux The World needs a hero, Dave Mustaine a
dissous l'assemblée, pardon son groupe. Quoi, il a réussi à se rendre
compte qu'ils ne faisaient plus que de la bouse ? Non, je vous rassure,
pas du tout, il s'est juste suffisamment flingué le bras pour ne plus
pouvoir jouer de guitare (et bien sûr, impensable que le groupe puisse
exister sans lui). Trois ans plus tard, il est de retour, il a
reconstruit tout le line-up, et il semble décidé à donner un successeur
à Rust in peace (cf ses déclarations de l'époque et la pochette).
Bon, soyons clairs, il vaut mieux oublier cette référence écrasante si
on veut apprécier un tant soit peu le disque, mais il y a, au moins le
temps des trois premières chansons, une vraie volonté de revenir
(enfin...) à une musique plus rapide et agressive. On peut même dire que
l'intro mammouthesque de Kick the chair y parvient plutôt bien.
Du coup, on se prend à rêver de retrouver un très bon album, mais la
suite nous fait en partie déchanter. Déjà, on revient globalement à des
choses plus sages, du style des albums intermédiaires Countdown to
extinction ou Youthanasia (qui restaient ceci tous les deux
plus que corrects), et surtout il y a des expérimentations dont la
réussite est très variable : l'assez indescriptible The Scorpion
fonctionne bien, le hard-rock FM de Tears in a vial un peu moins,
le rock vintage de Back in the day vraiment pas, et on touche
carrément le fond avec un My Kingdom conclusif complètement raté
(on se demande bien ce qu'ils ont cherché à faire dessus tellement ça ne
ressemble à rien). Au final, on ne peut pas dire que le bilan soit
franchement positif, mais bon, on a quand même un (demi)-album correct,
qui laisse encore espérer que Megadeth n'est pas tout à fait mort.
- Megadeth - United abominations (2007) ★ ★ ½
Après un mieux permettant d'atteindre l'écoutable dans The system has
failed, on continue de remonter doucement la pente avec ce nouveau
disque qui commence même de façon franchement convaincante :
Sleepwalker réussit à allier un refrain réussi à une efficacité
dans les riffs qu'on n'avait pas entendu depuis un certain temps, c'est
vraiment une bonne entrée en matière. Bon, on n'échappe quand même pas à
un solo pas ultra inspiré et des choeurs dispensables sur la fin, mais
ce renouveau sera confirmé par un Washington is next ! presque
maidenien et un Never walk alone bien pêchu, jusque là on tient
même un très bon album ! Bon, hélas, le groupe a une fois de plus du mal
à tenir sur la durée, et le reste tient au mieux du remplissage correct
(Blessed be the dead), au pire du ratage assez peu compréhensible
(Amerikhastan où Dave se contente de parler), sans compter la
reprise sans intérêt de À tout le monde avec une invitée qu'on
entend à peine. Bref, encore une fois, il faudra se contenter d'un
demi-album, mais si on le recollait avec la première moitié du
précédent, on aurait vraiment un disque sympa !
- Megadeth - Endgame (2009) ★ ★ ★
Le groupe de Mustaine continue décidément à remonter la pente tout
doucement mais sûrement, proposant enfin après plusieurs albums
intéressants mais inégaux un disque qui tient la route sur toute la
durée, tout en lorgnant une fois de plus très clairement vers les
glorieuses heures thrash du groupe. Le nouveau guitariste recruté pour
l'occasion (le lineup change en permanence depuis quelques disques) se
voit même confier une quantité de solos plus ou moins techniques, mais
bon, faut pas trop en demander non plus, ça tient plus souvent du
remplissage sans âme qu'autre chose (pour ce qui est du côté
démonstratif, l'intro instrumentale Dialectic chaos fonctionne
toutefois très correctement). Non, c'est plutôt du côté des riffs et du
tempo allant de la plupart des titres (ça s'énerve même franchement sur
un Head crusher qu'on espérait plus vraiment retrouver sur un
disque relativement récent de Megadeth) qu'il faut trouver son bonheur,
qui dure vraiment jusqu'au bout de la galette (on a un gros doute quand
la ballade The hardest part of letting go démarre sur fond de
synthés sirupeux, mais la grosse accélération en milieu de chanson
fonctionne en fait très bien). Alors bien sûr, ça ne reste "que" bon, il
manque un ou deux titres qui donnent vraiment envie d'être écoutés en
boucle (This day we fight ou Endgame sont très efficaces,
y a rien à redire, mais ça reste un peu trop bien calibré) pour que le
disque soit vraiment incontournable, mais ça reste de la bonne musique.
- Megadeth - Th1rt3en (2011) ★ ★ ★
Le temps passe et, incroyable mais vrai, Megadeth est toujours vivant et
continue d'aligner des disques au début d'une nouvelle décénnie. Mais le
père Mustaine a trouvé un nouveau jeu (pour doper les ventes ?), celui
de faire croire à chaque nouvel album qu'il va s'agir du dernier.
Peut-être aussi une façon pour lui ici de faire passer la pilule puisque
le disque est en bonne partie constituée de divers morceaux composées
quelques années (voire plus) plus tôt, et recollés là pour atteindre
péniblement le nombre de 13 chansons, concept assez indigent il faut
bien le dire (le titre de l'album...). Bref, l'a priori était
franchement négatif. Et pourtant, eh bien, malgré quelques ratés (le
Sudden death initial avec ses guitares inutilement techniques, un
Black swan qui sent vraiment le remplissage ou un Millenium of
the blind vraiment mal chanté (le père Dave est globalement en
régression de ce point de vue)), l'album s'écoute tout seul, c'est
rarement brutal mais quasiment toujours très bien fichu, avec même de
très bons titres (Public enemy n°1, Never dead ou encore
la rigolote Deadly nightshade). Même le 13 conclusif avec
son tempo assez lent et son atmosphère lourde est bien gérée. Encore un
album qui est assez loin des sommets du groupe, mais qui reste
franchement correct !
- Megadeth - Super Collider (2013) ★ ½
Ca fait un bon moment que Dave Mustaine ne semble plus vraiment savoir
ce qu'il veut faire de son groupe, tiraillé entre la volonté de refaire
du vrai metal agressif "comme au bon vieux temps" et celle de faire de
la soupe commerciale pour élargir sa base de fans. Selon les albums, on
est plus ou moins clairement d'un côté ou de l'autre. Là, après
plusieurs tentatives plus intéressantes, et malgré un Kingmaker
initial très sympa (bon, la voix trafiquée, on aurait pu s'en passer,
mais c'est pire sur d'autres pistes), on retombe très clairement dans le
rock FM gentiment mollasson (une espèce d'AC/DC aseptisé) et
interprété avec certes une compétence technique indéniable mais une
envie qui laisse à désirer (le développement instrumental de
Beginning of sorrow, à peu près le seul de l'album, ne fait
vraiment pas rêver). Ca reste la plupart du temps plus qu'écoutable
(Built of war avec ses choeurs "western" amusants, Don't turn
your back), ça part parfois dans des directions surprenantes (le
banjo country de The blackest crow, ou même le "chant" de Dave
sur fond dépressif de Dance in the rain), mais surtout, il faut
bien l'avouer, c'est oublié aussi vite qu'on ne l'a écouté et ça ne
ressemble que bien peu à ce qu'on peut raisonnablement attendre d'un
groupe dont le nom est Megadeth.
- Megadeth - Dystopia (2016) ★ ★ ★ ½
Il n'y a pas que le coup du "c'est notre dernier album" que Mustaine
dégaine de temps à autre pour doper ses ventes, il y a aussi le
changement de line-up en profondeur pour relancer la machine. Pour ce
dernier album en date du groupe, grosse arrivée avec celle de Kiko
Loureiro (ex-Angra) en deuxième guitariste. De loin, ça sent la
très mauvaise idée, je partais encore une fois avec un a priori pas
folichon. Et une fois de plus j'avais tort ! Loureiro a conservé un son
très rond et un jeu assez exubérant qui se marient en fait étonnamment
bien avec la voix monolithique adoptée par Mustaine pour ce disque (dans
le grave en permanence, les piaillements de canard sont loin). Ajoutez à
ça une ambiance assez post-apocalyptique (y a qu'à voir la pochette) et
on a un vrai renouvellement du son du groupe. Surtout, c'est accompagné
d'un net regain de forme niveau compositions (même si, soyons honnêtes,
Mustaine a toujours eu un certain talent pour ça), un petit côté
orientalisant raffraîchissant sur certains titres (notamment
Poisonous shadows), et une succession de bons morceaux sans réel
temps faible. L'enchaînement initial The Threat is
real/Dystopia est même très bon (ça va vite et il y a, comme
dans tout l'album, des solos qui passent plutôt bien). Tout ne sera pas
de ce niveau là (la fin, avec l'instrumental Conquer or die assez
anecdotique et une reprise pour terminer qui n'a pas grand intérêt, est
un peu poussive), mais la plupart des pistes sont vraiment réussies.
Manque un ou deux vrais tubes pour retrouver un album digne de la grande
époque, mais ça reste une très belle surprise.
- Megadeth - The sick, the dying... and the dead (2022) ★ ★ ★
Aux adjectifs qui ornent le titre de leur dernier album (titre qui voit
d'ailleurs le retour des points de suspension chers à Mustaine aux
débuts du groupe, une façon de signaler un retour aux sources ?), les
membres de Megadeth auraient peut-être pu ajouter "immortal". En effet,
depuis 2016 et le précédent disque du groupe (qui avait déjà été
annoncé, comme deux ou trois des précédents, comme le dernier), non
seulement le COVID est passé par là, mais Dave Mustaine est passé par la
case cancer de la gorge (insérer ici la blague douteuse de votre choix
sur le fait qu'au moins, concernant Dave, ça ne risquait pas d'avoir une
influence négative sur ses talents musicaux). Mais Dave est toujours là,
et c'est une bonne nouvelle, car à 61 ans (ce qui n'est pas si vieux
dans l'absolu), il a sûrement encore des choses à raconter, comme
semblait en tout cas le prouver un Dystopia réussi il y a six
ans. Bien sûr, on n'attend plus du groupe une révélation fondamentale,
mais un bon album solidement interprété, ça nous irait très bien. Et ça
tombe bien, puisque c'est à nouveau exactement ça qu'on retrouve ici. Il
y a forcément eu du changement du côté des camarades qui accompagnent
Dave puisque le comparse de toujours Dave Ellefson n'est plus le
bienvenu, mais les nouveaux venus assurent très professionnellement, la
voix de Mustaine n'a pas vraiment changé (c'est devenu assez monocorde
mais franchement ça passe fort bien), et surtout les compositions peu
originales mais presque toutes réussies s'enchaînent, et on passe tout
simplement un moment agréable à les écouter. Bon, je me serais
personnellement passé du featuring ridicule d'Ice-T sur Night
stalkers et d'un ou deux titres qui essayent de varier le propos
sans qu'on comprenne bien où ça veut en venir (Mission to Mars
notamment), mais la chanson-titre ou Sacrifice, tout en restant
très classique, c'est indéniablement efficace. Et les reprises en fin de
disque forment une sorte de bonus sympathique. Globalement un poil
en-dessous de Dystopia à mon sens (dont les premiers titres frappaient
plus fort) mais ça reste très correct.