Mon avis personnel sur les disques de Liquid Tension Experiment
- Liquid Tension Experiment - Liquid Tension Experiment (1998) ★ ★ ½
C'est avec une certaine appréhension que j'ai abordé mon écoute
attentive de LTE (j'avais déjà écouté distraitement leur troisième et
dernier album en date à sa sortie), pour deux raisons : le line-up est
très proche de celui de Dream Theater (au moins à une certaine
période), groupe avec lequel ma relation reste très compliquée ; et le
côté "improvisations lorgnant vers le jazz" avait de quoi me faire fuir.
C'est dire à quel point j'ai été scotché par le Paradigm shift
qui ouvre l'album : oui c'est hyper virtuose, oui ça s'écoute un peu
jouer sur les solos vers la fin, mais ça n'oublie jamais de faire de la
musique, et qu'est-ce que c'est bon ! Si tout l'album avait été de cet
acabit, j'hurlais au chef-d'oeuvre, mais c'est malheureusement loin
d'être le cas. On navigue ensuite entre recherche de sonorités
intéressantes (le très liquide Osmosis, pas mal), le franchement
platounet (j'ai encore une fois du mal avec les claviers, surtout quand
c'est du piano à la limite du dégoulinant, la première moitié de
Freedom of speech et tout State of grace, c'est vraiment à
la limite du chiant), le comique qui n'atteint pas son but (la fin de
Universal mind, je trouve ça juste complètement foiré) et le truc
impressionnant mais vraiment trop ambitieux (Three minutes
warning, c'est loin d'être mauvais, y a même plein de bons moments,
mais quasiment une demi-heure, faut quand même s'accrocher !). Bref, si
techniquement il n'y a évidemment rien à redire, musicalement, je suis
trop souvent loin d'y trouver mon compte. M'enfin, quand même, un album
qui alignerait des pistes de la force de Paradigm shift, ce serait
sacrément fort ! Rien que pour ça, je ne peux pas me résoudre à être
franchement négatif à propos de ce premier album.
- Liquid Tension Experiment - Liquid Tension Experiment 2 (1999) ★ ★ ½
On prend les mêmes et on recommence : un an après le premier volet, le
quatuor de virtuoses se remet en scène et propose un deuxième disque qui
ressemble fort à un faux jumeau du premier. Une première piste
trépidante (Acid rain, encore un titre complètement
impressionnant qui suffit à lui tout seul à assurer une note acceptable
à l'album), puis des choses beaucoup plus atmosphériques et jazzy, pour
ne pas dire nunuches par moments (les quelques apparitions de synthé
type piano bar m'insupportent, ce qui rend par exemple Biaxident
très dispensable à mon goût malgré de bons passages), des pistes plus ou
moins improvisées (Chewbacca a un titre attirant et de bons
moment, mais sur la fin ça s'éternise vraiment alors que ça n'a plus
rien à dire) et des tentatives dont on ne sait pas trop si c'est de
l'humour ou non (l'accordéon de Another dimension...). On échappe
cette fois-ci à la plage d'une demi-heure pour conclure le disque (même
si à mon sens When the water breaks est déjà bien trop long pour
ce qu'il propose, sans compter la conclusion ridicule), mais ça
n'empêche pas que je reste à nouveau sur ma faim du point de vue du
contenu strictement musical. En fait, je pourrais presque faire un
copier-coller de ce que j'avais dit pour le premier : après une première
piste qui laisse espérer un chef-d'oeuvre, le reste n'a rien de
déshonorant mais me passe entre les oreilles sans réellement
m'accrocher.
- Liquid Tension Experiment - Liquid Tension Experiment 3 (2021) ★ ★ ★
Entre leurs deux premiers albums, les quatre membres de LTE avaient à
peine laissé passer un an, et sans surprise, le deuxième opus était dans
la droite ligne du premier. Entre les deux suivants, pas moins de 22 ans
se sont écoulés et... le troisième est toujours dans la même droite
ligne que les deux premiers ! À croire que le temps ne fait pas effet
sur nos virtuoses, qui nous refont le coup de la piste inaugurale
monstrueusement rapide (en même temps, en l'appelant Hypersonic
on aurait été déçus du contraire), même si probablement moins énorme que
les intros de leurs deux premiers disques, nous gratifient d'une version
personnelle de Rhapsody in blue (c'est assez impressionnant mais
bon, ça reste une reprise, qui me semble légèrement vaine) et
remplissent un double CD de quasiment deux heures de musique. Il faut
dire aussi qu'ils ont fait cette fois-ci le choix intelligent de bien
séparer les choses : des pistes écrites, de durée globalement
raisonnable pour le premier CD, et des bouts de cessions d'improvisation
interminables sur le deuxième CD. Vous l'aurez compris, je m'attarderai
uniquement sur le premier disque, auquel j'ai attribué une note
légèrement supérieure aux deux premiers LTE car je le trouve mieux
calibré : des ambiances variées, peu de pistes vraiment ratées, on passe
globalement un bon moment, le clavier "disneyien" sur fond de rock à
papa de Beating the odds passe curieusement bien la rampe, Key
to the imagination (seule piste à dépasser les 10 minutes avec le
Gershwin) est vraiment bien construit et intéressant de bout en bout.
Malgré tout, encore une fois une impression de déception après la
première piste tonitruante, et je me serais tout de même fort bien passé
de l'espèce de solo de contrebasse électrique de Chris and Kevin's
amazing odyssey et surtout de l'adagio larmoyant piano-guitare
Shades of hope qui est absolument terrifiant. Mais le bilan reste
très honorable. Seront-ils capables de faire aussi bien quand deux
décennies de plus auront passé ?