Mon avis personnel sur les disques de Korn
- Korn - Korn (1994) ★ ★
En 1994, le metal ne va pas très fort, et un groupe obscur va sans le
savoir lancer avec son premier album une révolution en créant un nouveau
genre rapidement connu sous le nom de "nu metal". Cet acte fondateur
vaudra au groupe d'être absolument rejeté par une partie des metalleux
(il faut dire que le nu metal en question est le genre auquel se
raccrocheront tout un paquet de groupes peu recommandables comme
Slipknot et consorts), et d'être adulé par une frange non
négligeable de la jeunesse des 90's (ils vont rapidement devenir les
superstars du genre). Bon, qu'en est-il musicalement parlant, pour un
auditeur comme moi que l'étiquette collée au groupe ferait a priori
plutôt fuir ? Déjà, pour ceux qui craindraient que ce ne soit trop pop,
Korn (ok, je sors), pas du tout, c'est une musique aux marqueurs forts
qu'on peut même qualifier d'assez expérimentale : motifs très
minimalistes assénés par des guitares très graves et grasses qui ne font
objectivement pas grand chose de plus que poser une ambiance, beaucoup
de bruitages et autres bidouillages qui vont de l'intéressant au
franchement pénible (sur Ball Tongue ou Clown par exemple,
c'est plus agaçant qu'autre chose), quelque chose d'au fond assez
abstrait qui se base finalement beaucoup sur les performances vocales du
leader Jonathan Davis (qui utilise à peu près tous les registres
imaginables en en faisant régulièrement beaucoup trop, le summum étant
le Daddy qui conclut le disque), clairement habité par les textes
là aussi assez minimalistes mais pour le moins brutaux qu'il nous
propose (la pochette le laisse imaginer, on n'est pas vraiment là pour
rigoler, les ambiances sont presque systématiquement sinistres). Il y a
dans cette tentative de transcription musicale d'un (gros) malaise
quelque chose qui peut expliquer le succès du groupe (et de fait, c'est
vraiment assez différent de ce qui existait à l'époque, avec aussi
quelques influences "musiques urbaines" qui prendront encore plus
d'importance dans la suite de la carrière du groupe), même si je ne suis
personnellement pas vraiment séduit (ok ce n'est pas le but, disons
plutôt que je ne suis pas assez marqué par ce que j'entends), du fait
d'un contenu musical trop léger et surtout inégal (si Blind ou
Faget fonctionnent bien à mon sens, la moitié des chansons ne me
donne pas vraiment envie de les réécouter). À écouter quand même, au
moins comme une curiosité révélatrice de son époque.
- Korn - Life is peachy (1995) ★
Le premier disque de Korn, bien qu'inabouti, était intriguant, on
pouvait donc s'attendre à un deuxième essai vraiment intéressant. Sauf
que, si on en croit une bonne majorité des fans du groupe, l'éponyme
inaugural serait le meilleur album de toute la discographie du groupe.
Il est hélas bien possible qu'ils aient raison au vu de cette deuxième
tentative, où on passe d'intriguant à énervant. Les ingrédients,
pourtant, sont les mêmes que sur leur premier disque, avec ces guitares
minimalistes, ces bidouillages électroniques toujours plus omniprésents,
et un chanteur en totale roue libre (dès l'intro Twist où il
éructe de façon démente, on sent même qu'il va en faire beaucoup trop).
Mais là où Korn réussissait à instaurer des ambiances glauques et
perturbantes qui faisaient tout le sel de l'album, ce Life is peachy
laisse complètement de côté l'illustration d'un malaise générationnel,
devenant au mieux insignifiant, comme sur le tube simili-pop
A.D.I.D.A.S. (non, non, ça ne parle pas d'équipements sportifs,
c'est beaucoup plus trivial que ça...), et au pire pénible (les effets
de No Place to hide, pourtant l'une des pistes les plus
intéressantes du lot). Comme si le groupe, tout étonné d'être propulsé
comme leader d'un nouveau type de metal, essayait d'asseoir le plus vite
possible sa popularité en niant complètement la personnalité de sa
musique et en cherchant à tout prix à la rendre accessible (on peut
imaginer que la reprise rap Wicked plantée au beau milieu du
disque, et qui est pour moi à zapper obligatoirement si on ne veut pas
enlever encore deux étoiles à la note déjà pas élevée de l'album, est
censée y contribuer). Le pire, c'est que cette tentative a de fait été
couronnée de succès à l'époque...
- Korn - Follow the leader (1998) ☆
Eh oui, en à peine deux albums pourtant pas franchement mémorables, Korn
est devenu un leader, et entend manifestement le rester vu le titre
choisi pour cette troisième offrande. Et pour cela, tous les moyens sont
bons : encore plus de rap (pas moins de trois titres complets, rien que
ça suffit pour moi à rendre le disque pénible), des tonnes de samples et
autres bidouillages électroniques (on attend parfois une bonne minute
qu'une guitare daigne pointer le bout de son nez sur certains titres),
chant qui part dans tous les sens, et, comme dans leur disque précédent,
une tendance forte à la facilité pour aguicher le client (sur Got the
life typiquement, qui pourrait être écoutable s'il n'était pas
plombé par un chant insupportable). Bref, même si ce n'est pas nul (le
It's on introductif renoue même avec une sorte d'urgence glauque
intéressante, Dead bodies everywhere réussit aussi à créer
quelque chose), c'est tellement truffé de détails irritants qu'on finit
bel et bien par avoir envie de jeter l'album à la poubelle (façon de
parler en ce qui me concerne puisque je n'écoute évidemment pas une
version physique). Comme d'habitude, j'écouterai le reste de la
discographie du groupe, au moins d'une oreille, mais mes critiques sur
Korn s'arrêteront là.