Mon avis personnel sur les disques d'In Flames
- In Flames - Lunar Strain (1994) ★ ★
Retour à un genre assez calibré pour moi avec les débuts d'un des
groupes suédois majeurs de death mélodique (ce qui constitue quasiment
un pléonasme tant le genre est attaché à ce pays !). Pour ce premier
album, eh bien, on a des défauts assez caractéristiques d'un premier
album : manque de cohérence (la plupart des pistes donnent effectivement
dans le death mélodique à guitares grésillantes et riffs mélodiques
assez inspirés, mais on a plusieurs fois droit à une irruption pas
franchement convaincantes de passages folk, et le chant féminin sur
Everlost pt.2 semble hors de propos), chant en décalage complet
avec l'habillage instrumental (pour ce premier disque, ils ont emprunté
le chanteur à un autre groupe, il ne participera pas aux albums
ultérieurs), timidité dans le développements des compositions (le tempo
s'accélère enfin sur les deux derniers titres, mais ils sont trop courts
pour vraiment emballer complètement). Il y a malgré tout de bonnes
choses dans ce disque (Behind space, vraiment pas mal), mais
c'est encore assez inabouti.
- In Flames - The Jester race (1996) ★ ★ ★ ½
En écoutant ce deuxième album du groupe suédois, on comprend fort bien
pourquoi il est considéré comme le vrai point de départ de sa
discographie, et même comme un des disques fondateurs du death mélodique
"à la suédoise". Oubliés les errements et hésitations de Lunar
Strain, cette fois-ci ils savent vraiment où ils veulent aller : le
chanteur a changé mais ça n'a qu'une importance relative, le chant
extrême étant mixé assez étouffé et dominé par les guitares très
mélodiques qui se taillent ici la part du lion (avec tout de même
quelques touches de claviers par moments). Les petites touches folk sont
désormais complètement intégrées à l'ensemble, et on entend surtout des
riffs heavy très mélodiques qui s'enchaînent de façon probablement un
peu trop monotone au fil des pistes (ça ressemble toujours un peu à la
même chose). Peut-être un côté un peu trop appliqué aussi, ça manque de
folie. D'ailleurs, à la première écoute, j'avais trouvé ça franchement
décevant, mais à la réécoute c'est quand même vraiment bien ficelé, et
souvent simplement beau (les guitares acoustiques sur Moonshield,
le riff inspiré de Lord Hypnos, l'énergie de Dead god in
me pour conclure l'album). Manque quand même cette petite étincelle
supplémentaire pour faire décoller les choses à un niveau supérieur, on
se contentera pour l'instant d'un bon album efficace.
- In Flames : Whoracle (1997) ★ ★ ½
Après avoir trouvé sa voie avec The Jester Race, In Flames ne
semble pas décidé à en dévier, et revient donc avec un troisième album
extrêmement proche dans l'esprit du second. Mêmes titres aux guitares
mélodiques prédominantes avec une voix death planquée au fond du mix
histoire de dire que quand même on est censé faire du metal extrême,
même utilisation de guitares acoustiques sur certaines intros (celle
réussie de Gyroscope, celle immonde de Jester script
transfigured avec son chant "susurré malsain" hideux), mêmes
instrumentaux disséminés sur le disque pour rompre un peu la monotonie.
On notera quand même un effort pour rendre les riffs un peu plus
accrocheurs... du moins sur les deux premiers titres, mais toujours rien
qui décolle vraiment au-dessus du joli (Jotun par exemple est
sympa, mais avec une tonalité presque trop optimiste pour moi), et
quelques ratés (Worlds within the margin). Bref, ça tourne un peu
en rond, et si l'album précédent m'avait conquis après quelques écoutes,
celui-ci confirme que je commence déjà à me lasser un peu de la musique
des suédois (même s'il reste largement écoutable). Dans la mesure où
leurs premiers disques sont censés représenter l'apogée de leur
carrière, je crains un peu la suite !
- In Flames - Colony (1999) ★ ★ ★ ½
Je n'en suis qu'au quatrième album de la longue discographie d'In Flames
(qui en contient quand même 14 à ce jour, mais je ne suis pas du tout
certain d'aller jusqu'au bout), et les mots commencent déjà à me manquer
pour décrire ce que j'entends, tant ça reste homogène à l'intérieur de
chaque disque, mais aussi d'un disque au suivant. On commence toutefois
sur celui-ci à comprendre l'évolution globale du groupe (et à anticiper
pourquoi les disques postérieurs à 2000 sont assez unanimement
considérés comme moins recommandables que les précédents), qui se dirige
de plus en plus manifestement vers la séduction immédiate, un côté easy
listening prêt à toucher à un peu tout pour faire passer la pilule
auprès d'un public large (même si le chant reste très majoritairement
typé death sur ce disque). C'est d'ailleurs la plupart du temps assez
convaincant, et même parfois irrésistible (le survitaminé Embody the
invisible qui ouvre l'album est vraiment un tube), parfois nettement
plus douteux (le chant clair et les guirlandes de piano de Ordinary
story, les traces de chant "slipknotien" de Scorn), mais
l'ensemble est largement sauvé par une inspiration mélodique au
rendez-vous (le petit instrumental Pallar anders visa est très
bien). Simplement, le death mélo déjà beaucoup plus mélo que death du
groupe est en train de glisser petit à petit vers une sorte de death pop
n'ayant plus vraiment de sens (pas étonnant que le chant clair se soit
de plus en plus imposé sur les disques ultérieurs du groupe, en fait).
Sans être très profond, ce Colony est en tout cas probablement le plus
agréable à écouter par les disques du groupes que j'ai déjà parcourus.
- In Flames - Clayman (2000) ★
Enregistré au tournant du millénaire, ce cinquième disque du groupe est
souvent considéré comme étant le dernier de la première période du
groupe, celle centrée sur le death mélodique, avant qu'il ne vire à un
gloubi-boulga commercial teinté d'électro et de chant clair qui le fera
irrémédiablement détester par une partie de ceux qui l'avaient adulé
jusque-là. En ce qui me concerne, ça ne risque guère de m'arriver
puisque mon sentiment concernant le groupe était déjà assez mitigé, et
le devient encore beaucoup plus dès cet album (j'ai un peu écouté la
suite, et mon parcours de leur discographie s'arrêtera en effet
bientôt), tant les mauvais penchants du groupe prennent déjà le dessus.
Quasiment plus de riffs mélodiques vitaminés comme il y en avait à la
pelle sur les albums précédents (seule Swim joue encore cette
carte-là), mais à la place un acharnement à détruire des chansons
correctes (car le fond reste plus qu'acceptable) en y insérant des
bruitages ineptes (sur Satellites and astronauts typiquement) et
surtout des passages en voix claire quasi systématiques alors que leur
chanteur est manifestement très mauvais pour ça. Bon, il était pas
spécialement bon non plus pour le chant extrême, mais ça passait
complètement inaperçu, alors que là, les efforts pour produire un chant
qui se veut inspiré sont juste pitoyables (sur Square nothing ou
Suburban me), sans compter les effets bizarres régulièrement
ajoutés par-dessus. Bref, à vouloir plaire à tout le monde, In Flames a
fini par faire de la bouse. C'est dommage, mais vu qu'ils continuent à
sortir des albums qui ont du succès encore aujourd'hui, ils n'en ont
probablement pas grand chose à foutre.
- In Flames - Reroute to remain (2002) ★ ½
Peut-on vraiment en vouloir à un groupe de se fondre dans l'air du temps
pour gagner un peu plus de pognon ? Une question qui aura été au coeur
des débats de générations de metalleux concernant un bon paquet de
groupes, mais qui est particulièrement pertinente à propos de ce sixième
albums d'In Flames. Si l'évolution était déjà inquiétante sur leur
disque précédent, elle est désormais complète, on a droit sur absolument
toutes les pistes à au moins un passage irritant tentant de singer la
mode de ce début des années 2000 : sons électroniques (dès la
chanson-titre qui ouvre l'album, et encore plus sur Cloud
connected), choeurs en chant clair façon pop sur tous les refrains,
chant clair "inspiré" également de la part du chanteur principal (et là
c'est vraiment le désastre, ce gars ne sait pas chanter sans prendre une
pose geignarde totalement insupportable, ça plombe par exemple
définitivement System), quand ce ne sont pas d'ineptes
traficotages électroniques sur la voix (sur Transparent). Pire
que tout, même le chant death est devenu très mauvais, avec une
influence Spliknot (ou assimilé) délétère (Minus, entre autres).
Et tout ça est fort frustrant, car sur le fond, l'album est à mon sens
nettement meilleur que le précédent (d'où la note moins mauvaise), on
retrouve de belles mélodies (sur Trigger ou Cloud
connected) et le côté plus électro que d'habitude aurait pu passer
s'il avait été mieux exploité. En réponse à la question initiale, c'est
donc un non assez franc, pas le droit de massacrer de la potentiellement
belle musique ainsi ! Mais le groupe ne l'entendra pas de cette oreille,
et tous ses albums ultérieurs seront dans ce style, ce qui va me faire
arrêter ici l'exploration de leur discographie.