Mon avis personnel sur les disques d'Helloween
- Helloween - Walls of Jericho (1985) ★ ★ ★ ½
Je dois bien l'avouer : avant de commencer cette série de chroniques, je
n'avais écouté Helloween alors même que le groupe est considéré comme un
des pionniers d'un genre que j'adore, celui du power metal. Erreur
manifeste de ma part, désormais réparée, et franchement je ne regrette
pas, malgré les défauts évidents de ces deux premières tentatives. Ah
oui, précisons tout de suite que le disque aujourd'hui vendu comme le
premier album du groupe allemand est en fait une concaténation du "vrai"
premier album (la deuxième moitié du disque) et d'un EP sorti quelques
mois avant. Assez curieusement d'ailleurs, l'EP est peut-être encore
meilleur que la suite. Bien sûr, il faut supporter la justesse très
approximative et les départs dans l'aigu pas franchement maîtrisés de
Kai Hansen (qui abandonnera très vite le poste de chanteur), mais pour
le reste on a déjà les éléments qui feront le bonheur du genre (ça va
presque tout le temps vite, c'est très mélodique avec des refrains
souvent chantés en choeur et bien basiques, et surtout il y a ce côté
épique qui doit porter les chansons), mais avec une assise "heavy metal
classique" (l'influence de Maiden notamment est même très frappante sur
certains titres) qui évite les débordements (ça ne sonne pas encore
carton-pâte comme ça pourra être le cas pour des groupes de générations
ultérieures, il faut dire aussi qu'on est encore loin de la volonté de
créer une musique "symphonique" ici, pas de claviers à l'horizon à une
exception notable près). Bref, même si c'est un peu brouillon et pas
enregistré de façon optimale, c'est souvent assez irrésistible
(Victim of fate, ou Ride the sky, c'est vraiment très
bon), même si certaines pistes ratent franchement leur effet
(Reptile et son refrain raté ou Guardians qui sonne
presque générique de dessin animé japonais des années 80). On a souvent
l'impression que ça ne se prend pas très au sérieux (l'intro de
Starlight, ou même ce Walls of Jericho avec sa chanson
enfantine reprise aux trompettes synthétiques...), et tant mieux, c'est
rafraîchissant au possible à défaut d'être vraiment un album majeur
(honnêtement je ne le conseillerais pas à ceux qui ne sont pas déjà
emballés par le genre).
- Helloween - Keeper of the seven keys, Part I (1987) ★ ★ ★ ★ ★
Après avoir initialement hésité à les regrouper dans une même critique,
j'ai finalement décidé de séparer les deux volets de la saga culte des
débuts d'Helloween car mon jugement à leur sujet n'est pas franchement
homogène (oui, je spoile, c'est mal). Après tout, même si c'était contre
la volonté des musiciens, ils sont bien sortis séparément à l'époque,
donc soyons cohérents. Concernant le premier disque du groupe, j'avais
dit qu'il annonçait pas mal de choses "tout en restant solidement ancré
dans sa base heavy metal classique". Soyons clairs, là on fonce tête
baissée dans tous les excès qui resteront indissociables du genre de
metal qu'Helloween a contribué à créer, à tel point qu'on a l'assez
curieuse impression d'entendre parfois une sorte de parodie de choses
qui ont été faites des années après ! Le chanteur a changé (tant mieux)
mais on garde un chant (sur)aigu qui peut vite fatiguer, les refrains du
choeur sont d'une nunucherie pop assez terrifiante (sur I'm alive
et A little time), les bruitages insérés par endroits sont
risibles (le break de Future world, c'est énorme !), et on a même
droit à une ballade braillée à plein poumons dans le suraigu par Kiske
qui a de quoi faire fuir. Et malgré tout ça, cet album est absolument
jouissif, si on aime le genre, c'est épique, emballant, la chanson
(presque) finale Halloween et ses 13 minutes passe comme une
lettre à la poste (ce cri qui introduit le refrain !), et arrivé à la
fin, on court remettre le disque dans le lecteur pour profiter une
nouvelle fois des monumentaux deux premiers titres. Oh, puis allez, de
tout le reste aussi, ce serait dommage de s'arrêter en si bon chemin. De
mauvais goût, complètement caricatural, hyper daté, et pourtant
complètement indispensable.
- Helloween - Keeper of the seven keys, Part II (1988) ★ ★ ½
Un an après, voici donc la deuxième moitié des 7 clés (ça en fait trois
et demie ?) qui débarque. Difficile de passer après l'album précédent,
mais le groupe ne prend pas de gros risques en gardant une formule très
similaire : un titre de 13 minutes en quasi conclusion, quelques pistes
bien speed et épiques, une ballade au milieu, les ingrédients sont les
mêmes et pourtant l'impression est différente. D'abord on a une légère
déception en se rendant compte qu'on a effectivement droit au même type
de musique, en un peu moins inspiré (niveau morceaux rapides, Eagles
fly free joue bien son rôle de tube mais sans attendre le côté
"classique immédiat" d'un I'm alive, et March of time ne
réussit pas vraiment à atteindre le grandiose souhaité ; quant à la
ballade, We got the right tombe encore plus dans la caricature se
reposant uniquement sur la voix de Kiske). Pire, il y a des chansons
assez poussives dans le lot (You always walk alone) et surtout le
côté "délire pas sérieux" déjà constaté à quelques reprises sur les
albums précédents passe carrément au devant de la scène lors de
l'enchaînement de la ridicule Rise and fall (les bruits d'animaux
de la ferme, c'est vraiment too much, pardon "zu viel") et d'un Dr.
Stein qui me laisse grandement perplexe (intro inquiétante suivie
d'une chanson sautillante et guillerette qui prend la tête au sens
propre, c'est pour le moins inattendu sur ce thème). On ne sait plus
trop où on est, mais heureusement le disque est sauvé par la
chanson-titre, beaucoup plus calme que le Halloween concluant
l'album précédent, mais absolument superbe (l'intro, le refrain, tout
est parfait ici). Concluant ? Ah non pardon, ils ont cru bon d'ajouter
ensuite une dernière chanson qui retombe dans la mièvrerie fort
dispensable. Honnêtement, sans la chanson-titre, cet album tomberait
vraiment dans la catégorie "navet musical", Helloween s'en sort de peu
pour cette fois.
- Helloween - Pink bubbles go ape (1991) ★
En trois albums, le groupe allemand s'est fait une place de choix au
panthéon du metal, que pouvait-il lui arriver pour l'empêcher de
continuer à surfer sur le succès ? Tout simplement, perdre Kai Hansen
une deuxième fois. La première fois, ils avaient perdu le chanteur, loin
d'être un drame. Mais la deuxième fois, c'est le guitariste compositeur
qui s'est fait la malle, et avec lui toute la tendance "fantasy épique"
du groupe s'est barrée aussi. Du coup, changement de direction
artistique aussi radical qu'incompréhensible, matérialisés par un titre
et une pochette pour le moins abscons. Malheureusement, niveau musique,
c'est à peine plus cohérent, et surtout trop souvent peu inspiré.
Helloween n'était déjà pas au top de la modernité niveau son pour un
groupe de metal (mais étant le précurseur d'un nouveau genre, on pouvait
difficilement les taxer de conformisme), là on fait encore un gros pas
en arrière avec des titres qui sonnent plus rock des années 80 (voire
avant) que metal début 90 (Back on the streets ou le très laid
I'm doing fine, crazy man). Bon, pourquoi pas, mais il y a quand
même dans le lot pas mal de choses qui virent à la pop FM dont on se
serait bien passés (la batterie de Goin'Home, c'est complètement
horripilant, The Chance se vautre dans la facilité). Au milieu de
tout ça, quand même deux ou trois chansons qui jouent encore la carte du
tempo enlevé, sans approcher les classiques précédents du groupe
(Kids of the century ouvre correctement l'album, Someone's
crying est vraiment moyenne), et un drôle d'ovni qui part dans tous
les sens mais a la mérite d'essayer (Mankind et ses choeurs quand
même bien nunuches). Finalement, ce que je préfère c'est peut-être la
basique mais fun Heavy metal hamsters, en serais-je venu à
regretter les délires "happy" des albums précédents ?
- Helloween - Chameleon (1993) ☆
Si Pink bubbles go ape avait de quoi surprendre et décevoir, ce
Chameleon affiche la (ou plutôt les) couleurs sur la pochette, on ne va
pas revenir en arrière mais plutôt enfoncer le clou avec un disque qui
part encore plus dans des directions variées et assez peu cohérentes,
laissant le speed metal, et même le metal tout court, assez loin
derrière lui. Pourtant, le First time qui ouvre l'album est assez
dans l'esprit des premiers albums du groupe. Mais ce ne sera qu'une
illusion, ensuite on a droit en vrac à des guitares acoustiques (I
don't wanna cry no more, je n'ai pas une culture musicale assez
étendue pour dire à quoi ça peut ressembler, mais pas du tout à du
Helloween, ni même à du metal ou simplement du hard rock), du piano (et
effets "mandolinesques" assez ridicules, sur le très crémeux et spécial
Windmill), beaucoup de touches orchestrales (Music ou I
Believe auraient pu être intéressantes, si elles ne s'étalaient pas
sur près de 10 minutes en ayant bien trop peu à dire), et surtout des
fanfares de cuivres qui donnent franchement l'impression d'entendre un
big band qui s'est adjoint les services d'un groupe de rock pour
enrichir sa palette et pas le contraire (Crazy cat, ça a le
mérite d'être rigolo, mais bon, ce n'est pas vraiment ce qu'on est venus
écouter, et dans ce genre-là, quantité de groupes plus spécialisés ont
fait largement mieux). Mais surtout, le gros problème, c'est qu'en plus
de manquer cruellement d'homogénéité, le disque peine à convaincre tout
simplement car pratiquement aucune piste n'est marquante. On atteint au
mieux le passable (Giants mérite d'être sauvée malgré la fin trop
grandiloquente, Step out of hell retrouve un côté plus rock
sympa), au pire le franchement mauvais (In The night). Même avec
toute la bonne volonté du monde, difficile d'être emballé par cet album,
ni même d'avoir envie de le réécouter. Ah si quand même, pour son
dernier album avec le groupe, Kiske a l'air de plutôt s'amuser...
- Helloween - Master of the rings (1994) ★ ★
L'heure du grand ménage a sonné pour Helloween (il était temps vu
l'album précédent) : changement de batteur, changement de chanteur et
retour à un style beaucoup plus orienté metal et surtout beaucoup plus
lisible. L'introduction symphonique néoclassicisante est de trop, mais
Sole survivor rassure, le groupe est à nouveau capable de
produire des titres musclés, rapides et convaincants. Seule question, le
choix d'Andi Deris pour succéder à Michael Kiske est-il le bon ? Voix
moins aiguë (évidemment) mais surtout plus éraillée, on a d'abord le
sentiment que ça ne colle pas. Et puis finalement, même si ça change
forcément l'atmosphère générale (sur les titres les plus joyeux, ça
reste un peu problématique), le nouveau venu fait plutôt correctement le
job. Malgré tout, et même si le disque s'écoute agréablement, on reste
loin du chef-d'oeuvre, surtout en comparaison avec ce qu'Helloween a pu
faire auparavant (la comparaison est inévitable). Exit les titres
sophistiqués dont la durée dépasse les 10 minutes, exit les hymnes speed
à l'impact irrésistible, on a droit dans l'ensemble à des chansons
correctes, bien interprétées, mais sans grand plus (Where the rain
grows et son côté épique, la ballade In the middle of a
heartbit), et quand même à un ventre mou assez net avec des
tentatives de varier un peu le discours qui tombent à plat (Perfect
gentleman est assez bizarre, et avec The Game is on et ses
bruitages de vieux jeux video, on retombe hélas dans le comique pas
totalement volontaire). En fait, il faut être honnête, même si le nom
est resté le même, ce n'est plus le même groupe qu'avant, et celui-ci
est tout simplement moins intéressant (en première écoute, à peu près
tous les albums de la période Deris m'ont laissé cette impression "pas
si mal, mais peut clairement mieux faire", je ne suis pas sûr de
m'attarder sur tous, dans la mesure où il y en a quand même une longue
série !).
- Helloween - The time of the oath (1996) ★ ★ ½
Deuxième album du groupe avec Andi Deris, et la nouvelle formation
semble déjà bien en place. Niveau style un vrai retour à un metal axé
speed semble acté, ce qui est plutôt une bonne nouvelle. D'ailleurs le
disque débute avec un We Burn un peu brouillon mais surtout très
court et rapide, avec refrain basique qui tente le coup de la séduction
immédiate, c'est plutôt pas mal. Malheureusement, à force justement de
jouer la carte de l'immédiateté, le groupe finit trop souvent par tomber
dans la facilité, avec une overdose de mélodisme (si c'est moi qui dit
ça...) dans Power ou A Million to one, voire même du sirop
dégoulinant dans les ballades Forever and one et If I knew
(ceci dit, à ma grande surprise, Deris passe très correctement dans ces
chansons que je n'aurais pas du tout imaginé taillées pour lui).
J'aurais nettement préféré plus de tentatives épiques, même si on peut
quand même noter le retour d'un titre long (Mission Motherland et
ses neuf minutes), hélas très inégal (le refrain mielleux ne colle pas
du tout à l'ambiance lourde de l'intro, et le passage plus ou moins
planant vers la fin me laisse perplexe), et si la chanson-titre qui
conclut l'album tente aussi des choses intéressantes (même si j'entends
plus le Led Zep de Kashmir que du Helloween là-dedans).
Finalement, je me rends compte que peu de titres me semble réellement
convaincants (peut-être que je mettrais Steel tormentor en haut
de ma liste), alors même que l'écoute continue de l'album passe quand
même très bien. Je reste donc mi-figue mi-raisin, un peu comme pour
l'album précédent, même si celui-ci me semble un peu meilleur.
- Helloween - Better than raw (1998) ★ ★ ★ ½
Après deux albums pas franchement mauvais mais sans grand relief, je
n'attendais plus grand chose de la part d'Helloween période Kiske que
des disques plaisants mais sans plus. Bonne surprise inattendue donc, je
trouve que celui-ci dépasse assez nettement ce niveau-là, réussissant à
convaincre sans se prendre la tête et retrouvant une certaine efficacité
perdue depuis quelques albums par les citrouilles. Peut-être ai-je été
influencé par la pochette (d'assez mauvais goût mais que du coup je
trouve forcément très réussie !), qui résume finalement assez bien
l'esprit festif gentillet globalement à l'oeuvre. Pourtant, après une
intro symphonique (au clavier, hein, faut pas rêver non plus) assez
étendue dont je me garderai de donner le titre complet, le premier vrai
titre, Push, est inhabituellement agressif pour le groupe.
Disons-le tout net, Deris qui s'essaye au suraigu ça foire complètement,
mais pour le reste ça surprend, et c'est plutôt pas mal. Le reste sera
toutefois plus léger, parfois même trop (les bruitages électro et
l'ambiance pop de Hey Lord, bof bof, par contre le délire en
latin de Laudate dominum est absolument excellent), mais les
titres classiquement speed sont vraiment bons (I can, qui
retrouve le côté directement entêtant des premiers succès du groupe, ou
Midnight sun qui achève le disque). Quelques tentatives de se
renouveler également (l'etonnant Time), un titre de huit minutes
presque intéressant de bout en bout (Revelation), on n'est pas
revenu au niveau chef-c'oeuvre, mais franchement, dans l'ensemble, c'est
plus que pas mal du tout.
- Helloween - The Dark ride (2000) ★ ★ ★ ½
Ayant volontairement sauté le disque de reprises Metal Jukebox
(il faut cependant écouter Hocus Pocus pour constater que les
allemands sont capables d'aller très loin dans le délire...), j'entame
les années 2000 à la suite d'Helloween avec une proposition qui annonce
d'entrée (pochette et titre) une couleur beaucoup plus sombre qu'à
l'habitude. En réalité, le groupe n'a pas non plus embauché de musiciens
norvégiens, Andi Deris ne s'est pas converti au growl monstrueux, ça
reste un album d'Helloween tout à fait normal et globalement assez
joyeux. C'est d'ailleurs frappant dès la première chanson, Mr.
Torture, qui exhibe un refrain bien entraînant en contradiction à
peu près totale avec le thème de la chanson (on n'est pas si loin d'un
Dr Stein de ce point de vue). Peu importe d'ailleurs, ça
fonctionne très bien ! Allez, pour être honnête, on notera quand même un
ou deux riffs vraiment plus lourds qu'à l'habitude (sur I Live for
your pain par exemple) et des guitares accordées un peu plus bas
(Escalation 666 a une couleur plus sombre, on ne peut pas le
nier). Mais ce qui fait vraiment l'intérêt du disque, ce sont des
refrains qui font mouche quasiment à chaque fois, sauvant d'ailleurs une
ou deux chansons à l'accompagnement un poil paresseux (The
Departed, We damn the night). On a aussi droit à un If I
could fly au piano envahissant (je n'arrive pas à me convaincre que
ce machin n'est pas de mauvais goût, mais personnellement j'aime), et
surtout une conclusion sur un titre plus long qui tente une nouvelle
fois de renouer avec les grands classiques épiques du groupe... en
réussissant à moitié (c'est tout à fait correct, mais loin d'un
Keeper of the seven keys (la chanson)). Un peu à l'image de
l'album : très bien, mais rien d'exceptionnel non plus.
- Helloween - Rabbit don't come easy (2003) ★ ★ ½
Après deux albums réussis, Michael Weikath, plus ou moins leader du
groupe depuis un certain temps, a décidé qu'Helloween faisait fausse
route et viré deux des musiciens qui avaient permis au groupe de
remonter la pente après son trou noir du début des années 90. Voila
quelqu'un qui a le sens de l'à propos. Quand en plus on constate que le
premier album du nouveau line-up présente une pochette pour le moins
étrange et un titre qui va avec, de douloureux souvenirs remontent à la
surface... Mais en fait non, ce lapin n'est pas aussi raté que le singe
ou le caméléon qui l'ont précédé. C'est même du Helloween pur jus, speed
la plupart du temps (Just a little sign, Hell was made in
heaven, deux titres qui fonctionnent bien), "happy" régulièrement
(The tune, franchement énervant à force de jouer le côté
gnangnan), et même sombre à l'occasion (Back against the wall,
réussite qui prouve quand même que Weikath n'a pas complètement fermé la
porte au style entrevu dans The Dark ride). Tout ça se laisse
tranquillement écouter, mais sans jamais sauter au plafond, et même
parfois avec une certaine perplexité (les couplets reggeaeisants de
Nothing to say). Au fond, un album qui revient à ce qu'Helloween
a régulièrement produit depuis l'arrivée de Deris, du "pas mal mais peut
mieux faire", en retrait tout de même par rapport aux deux disques
précédents.
- Helloween - Keeper of the seven keys - The legacy (2005) ★ ★ ★ ½
Franchement, donner une suite (enfin non pardon, rendre un hommage, rien
à voir avec une suite !) à leurs disques cultes près de 20 ans après, et
bien entendu avec un groupe qui n'a plus grand rapport avec le line-up
de l'époque, ça sentait très fort la mauvaise idée (ou plus simplement
le besoin de faire du buzz et un peu de fric par la même occasion). Mais
le groupe assume crânement en proposant un double CD (bon, un double
dont la durée totale n'atteint pas les 80 minutes, ceci dit) dont chaque
volet est introduit par une piste qui dépasse allègrement les 10
minutes. Et même si on se sent un peu le cul entre deux chaises au
début, entre hommage forcé aux équivalents plus vraiment au goût du jour
des premiers Keeper et tentation de singer les groupes qui ont pris le
devant de la scène depuis (l'intro parlée et le caractère épique me font
penser à un Rhapsody certes beaucoup moins clinquant, mais il a
probablement des tas d'autres groupes qui ont produit des choses
similaires entre temps), force est de constater que The King for a
1000 years tient fort bien la route, une sorte de grand spectacle
bon enfant (touches orchestrales, choeurs, on a la totale) qui donne
simplement le sourire et la banane, du bon Helloween quoi. En
comparaison, Occasion avenue qui entame le second CD me semble
nettement moins maîtrisée (on a les mêmes éléments, mais avec un côté
nettement plus heavy que speed héroïque, et surtout ça part un peu dans
tous les sens, malgré l'hommage rigolo aux classiques du groupe pour
introduire la chanson). De façon générale d'ailleurs, le deuxième disque
ne propose rien de mémorable (allez, la conclusive My life for one
more day est assez réussie), les titres sont agréables mais pas
marquants, alors que le premier disque est vraiment très bien (j'adore
la trop courte Mrs God, et les plus classiques titres speed
Pleasure drone et Silent rain fonctionnent bien). Avec un
ensemble plus équilibré (ou bêtement un seul CD en fait...), on
atteignait facilement les quatre étoiles. Comme quoi les citrouilles en
ont encore sous le pied.
- Helloween - Gambling with the devil (2007) ★ ★ ★ ★
Au premier abord, je dois être honnête, j'ai vraiment peu apprécié ce
nouvel album des citrouilles, la faute principalement à une tentative à
mon avis malvenue de faire évoluer les sonorités du groupe vers quelque
chose de beaucoup plus électronique que précédemment. Quelques sons
"orchestraux" par-ci par-là pourquoi pas, mais les voix trafiquées de
façon aussi voyante, non, vraiment pas (sur As Long as I fall, y
en a vraiment un qui aurait du se calmer sur le vocodeur). Mais malgré
ça, je suis emporté une fois de plus par un bon nombre de titres qui
envoient généreusement et qui font mouche au niveau des refrains :
Kill it (malgré la voix, en plus des traficotages, Deris part
trop dans un aigu qui ne lui convient pas), Paint a new world,
l'excellente The Bells of the 7 hells ou la bien chargée
Dreambound. Mine de rien, une part non négligeable de l'album qui
tire vraiment bien son épingle du jeu. Le reste est un peu plus
quelconque, avec notamment quelques titres qui lorgnent vraiment trop
vers une pop sucrée un peu facile (ça marche toutefois très bien sur
Fallen to pieces et son refrain irrésistible, moins sur Final
fortune), et un passage obligé par la case "happy metal" avec un
Can do it qui n'est pas la réussite la plus éclatante du groupe
dans ce genre. Mais l'ensemble est vraiment plus qu'agréable à écouter,
Helloween prouve une fois de plus sa capacité à faire du solide malgré
les années qui passent et les quelques changements de personnel subis.
Allez tiens, pour les récompenser de leur ténacité, on monte à quatre
étoiles pour cette fois (même si je considère cet album à peu près au
même niveau que le précédent).
- Helloween - 7 sinners (2010) ★ ★ ★
Une décennie de plus qui s'ouvre, et les citrouilles sont toujours là,
plus en forme que jamais (ou presque). Cette nouvelle proposition
cherche assez manifestement à surfer sur le succès de la précédente : on
retrouve quelques traces de sonorités électroniques (moins que sur
Gambling with the devil toutefois) mais le plus marquant est la
volonté délibérée de rendre le son assez lourd et dense, pas franchement
l'habitude de la maison et surtout un virage assez surprenant quand on
sait que le dernier remaniement du groupe avait fait suite à un The
Dark ride jugé trop sombre (ben franchement, il est plutôt gentillet
en comparaison de celui-là, le sieur Weikath aura eu le temps de
retourner sa veste en quelques années). Quoi qu'il en soit, un Long
live the king très heavy fonctionne à mon goût fort bien, et un
titre assez basiquement bourrin comme Are you metal est aussi
efficace. Mais on a quand même droit à un certain nombre de titres speed
mélodiques dans la plus pure tradition du groupe (le bon duo de fin de
disque If a mountain could talk / The Sage, the fool, the
sinner, mais aussi la très "prise de tête" World of fantasy)
et bien sûr à la ballade de rigueur, ici The smile of the sun.
Cette dernière est d'ailleurs la transition rêvée pour évoquer les
défauts du disque, qui tombe parfois franchement dans la facilité :
cette ballade donc (aucune saveur), mais aussi la "suite" de Perfect
gentleman (intitulée Who is M. Madman) qui tire son principal
intérêt de ce qu'elle reprend sans vergogne de la chanson originale, et
quelques facilités d'écriture par-ci par-là, notamment des modulations
franchement téléphonées (eh les gars on est pas chez Goldman, la
modulation au demi-ton supérieur pour relancer la chanson en fin de
course, ça se voit !). À noter aussi une incongruité dont je n'arrive
pas à déterminer si c'est juste grotesque ou rafraîchissant : le solo de
flûte "Jethro Tullesque" au beau milieu de Raise the noise.
Encore un disque très agréable, mais un cran en-dessous de ses
prédécesseurs immédiats, attention à ne pas trop tomber dans la facilité
quand même.
- Helloween - Straight out of hell (2013) ★ ★ ★ ½
Le temps passe et Helloween continue à sortir un disque tous les deux ou
trois ans. Encore mieux, la qualité reste au rendez-vous sur celui-ci.
Un peu moins de modernité dans le son (les traficotages électroniques
sont concentrés sur la ballade Hold me in your arms, loin d'être
le meilleur moment de l'album d'ailleurs), le groupe semble plutôt se
replier sur ce qu'il sait faire de mieux, du speed accrocheur et très
mélodique, avec refrains chantés en choeur qui vous restent bien dans la
tête (comme sur le très bon Burning sun par exemple). Le disque
commence avec Nabataea, une véritable tuerie (une petite touche
orientale, et surtout un titre bien épique, sûrement le meilleur composé
par le groupe depuis un certain temps), et enchaîne fort jusqu'à la
fameuse ballade déjà citée (Waiting for the thunder, avec son
intro au piano, n'est pas d'une originalité folle, mais fonctionne très
bien aussi). Et puis, il faut bien l'avouer, la deuxième moitié du
disque ne retrouve jamais le niveau totalement convaincant, entre un
hommage à We will rock you déroutant (Wanna be god, pas
désagréable mais légèrement hors propos) et des titres poussifs ou
téléphonés (Asshole par exemple). Une dissymétrie qui me pousse à
poser une question qui est déjà souvent revenue dans mes chroniques :
était-il vraiment nécessaire de faire un disque de plus de 70 (un ou
deux petits bonus compris) si l'inspiration s'essouffle avant d'avoir
atteint les trois quarts d'heures ? La première moitié était pas loin de
l'excellence, le tout ne sera que très solide.
- Helloween - My God-given right (2015) ★ ★ ½
Trente ans de carrière, quinzième album studio, il y avait de quoi
marquer le coup pour Helloween non ? Il faut bien l'admettre, le
résultat est un peu décevant de ce point de vue, même pas vraiment à la
hauteur du Keeper Legacy sorti dix ans plus tôt et qui avait le
grand mérite de tenter (et même de réussir sur le premier disque) de
faire revivre les plus glorieux moments du groupe. Cette fois-ci, les
citrouilles semblent avoir décidé de ne surtout prendre aucun risque, se
contentant de faire (plutôt bien quand même) ce qu'ils ont toujours su
faire, à savoir du speed mélodique aux refrains fédérateurs, avec
quelques touches de sons électroniques comme ils nous y ont habitué
depuis quelques albums. L'entrée en matière Heroes, bien musclée,
est plutôt réussie même si bien courte (on est loin du Nabataea
qui ouvrait leur précédent album), mais ensuite, on a droit à quelques
titres sentant le réchauffé (et même à un flagrant cas d'auto-repompage
sur If God loves rock'n roll), des lignes de chant pas très
inspirées, et encore une fois une fin d'album un peu à la peine
(dommage, You, still of war qui est l'une des très rares compos à
dépasser nettement les cinq minutes, ne convainc pas vraiment en
conclusion du disque). Heureusement, les allemands sont toujours
capables d'insérer un ou deux titres vraiment entraînants (Lost in
America), voire à la limite du comique (Russian roulé, dont
on aurait aimé que l'utilisation de choeurs graves "à la russe" ne soit
pas aussi courte), pour relancer la machine. Mais les moments vraiment
marquants sont trop rares, on se contentera donc d'une moyenne en mode
"peut mieux faire", ce qui n'avait pas été le cas depuis un certain
nombre d'albums.
- Helloween - Helloween (2021) ★ ★ ★
Les ruptures et autres reformations de groupes sont fréquents dans
l'univers du metal, mais Helloween a quand même réussi à faire très fort
en proposant une nouvelle formation qui voit le retour des mythiques Kai
Hansen et Michael Kiske (qui avaient quand même quitté le navire une
trentaine d'années auparavant !) tout en conservant l'intégralité du
line-up de la décennie précédente. Du coup, on se retrouve avec un
mega-groupe avec pas moins de trois chanteurs (oui, oui, Hansen chante
aussi, certes moins que les deux autres) et trois guitaristes.
Forcément, la question se pose : les compositions arriveront-elles à
laisser de la place à tout ce beau monde sans que ça ne devienne lourd
ou artificiel ? Peut-être faudra-t-il alléger un peu et alterner les
chanteurs ? Eh ben non, le groupe a décidé de jouer carrément la
surenchère, avec des refrains doublés en permanence (quitte à tomber
dans l'outrance à la fin de Down in the dumps), des choeurs et
des claviers orchestraux par-dessus, on est souvent dans la
grandiloquence un peu gratuite (l'intro de Out for the glory ou
celle de Cyanide). Je vais être franc, au premier abord, ce côté
choucroute ne m'a vraiment pas plu. Et puis après quelques écoutes
supplémentaires, on retrouve quand même les qualités indéniables du
groupe, avec des refrains hyper efficaces (Indestructible et les
interventions de Hansen, Fear of the fallen en mode plus épique),
des pistes plus classiquement heavy (Mass pollution,
Cyanide), et même, ce que tout le monde attendait forcément, une
composition de plus de 10 minutes signée Kai Hansen (qui tire toutefois
en longueur avec des passages instrumentaux un peu forcés, on est assez
loin des meilleurs chefs-d'oeuvre du groupe). On oublie par contre un
peu l'élément "happy metal" dans l'ADN du groupe depuis plusieurs
décennies (seule la bondissante Best time joue sur ce registre).
Finalement, la note est surtout pour le plaisir de retrouver les membres
historiques du groupe (et puis bon, ça en fout quand même plein les
oreilles), point de vue musical, on est dans la moyenne correcte des
derniers albums d'Helloween, sans réel plus.