Mon avis personnel sur les disques de Dream Theater
- Dream Theater : When dream and day unite (1989) ★
Il fallait bien que je m'y attaque un jour, je me lance donc dans la
discographie de Dream Theater en commençant comme il se doit par leur
premier album un peu éclipsé par le suivant. Il faut bien avouer qu'il
n'a pas franchement de quoi séduire, la pochette est hideuse, mais le
son est hélas à peine meilleur : batterie en plastique, claviers ultra
datés et chanteur franchement pénible (ce n'est pas encore James LaBrie
qui officie ici, il n'arrivera que pour le disque suivant), ça fait
quand même beaucoup pour pouvoir apprécier sereinement le fond
instrumental derrière tout ça. On est même par moment franchement en
plein nanar musical, notamment sur les intros au clavier qui sonnent
tellement cheap qu'elles donnent irrésistiblement envie de pouffer de
rire (essayez celle de Status seeker, on croirait écouter le
générique d'un dessin animé oublié des années 80, le pire étant
qu'ensuite ça enchaîne sur un chant pop ultra moche qui n'est même pas
plus sauvable). Reste, sur le fond, une technique instrumentale certaine
et des passages intéressants, mais au service de compositions que j'ai
personnellement bien du mal à suivre : accroches mélodiques vraiment pas
emballantes, et surtout des ruptures de ton permanentes qui me laissent
perplexe. Ok, c'est un peu le principe du prog, mais quand on a une
intro de deux minutes qui enchaîne sans la moindre transition sur une
chanson qui n'a strictement rien à voir, j'ai un peu de mal à comprendre
le concept. Bref, ce n'est clairement pas cet album-là qui me
réconciliera avec ce groupe pour lequel jusqu'ici toutes mes tentatives
se sont soldées par des échecs. Mais je ne désespère pas, je vais au
moins continuer un peu.
- Dream Theater - Images and words (1992) ★ ★
Par rapport au premier album du groupe, aucune discussion possible, il y
a une nette progression au niveau du son d'ensemble (malgré quelques
"défauts" dont je reparlerai plus bas) et du vocaliste (même si ça reste
assez déplaisant quand Labrie tire sur les aigus, dans Another day
notamment). Pour le reste, voilà un album que j'ai bien du mal à cerner
dans sa globalité, tant il propose des choses différentes et assez peu
conciliables. En gros :
- trois chansons (Pull me under, Take the time et Under
a glass moon) elles-mêmes fort différentes mais qui proposent des
choses à la fois bien construites et avec un réel élément mélodique
convaincant, s'il n'y avait que celles-là le disque serait une franche
réussite. En particulier, Pull me under mérite son statut de tube
du groupe, malgré sa fin brutale complètement aberrante, et Take the
time est entraînante avec ses ambiances étonnantes (on se croirait
chez Michael Jackson par moments !).
- trois autres titres (Another day, Surrounded et le court
Wait for sleep) qui jouent la carte de la mièvrerie pop FM, avec
nappes de synthé (et même un saxophone paumé sur la fin de Another
day), on a la douloureuse impression de s'être sévèrement planté de
disque (le reste de l'album est rarement très metal, mais là on est
vraiment sur une autre planète), à jeter à la poubelle immédiatement.
- deux longues pistes "progressives" (Metropolis et Learning
to live) qui retombent dans les travers du premier album du groupe :
de bonnes idées, mais une construction trop fragmentée et surtout des
interventions de claviers tellement grotesques qu'on ne peut pas s'en
remettre. C'est particulier gratiné sur Metropolis où, après un
début très réussi, la première apparition du synthé peu après 1'30
flingue complètement l'ambiance. Ce sera encore pire à 5'50 où on a
droit à un machin qui ne soutiendrait pas la comparaison avec la SNES
sur laquelle je jouais aux jeux video à l'époque de la sortie du disque.
Sérieusement, ils ont fait exprès de mettre des sons qui s'insèrent
aussi ridiculement mal dans le reste de l'instrumentarium ? C'est juste
pas possible d'écouter ça sans rigoler (et pourtant je ne suis pas plus
allergique aux synthés datés que ça, encore faut-il que ça colle à
l'environnement, pour comparer l'incomparable, les synthés kitsch des
premiers albums de Nightwish ne me dérangent pas du tout).
Bilan, un album qui aurait pu être bon si on l'avait limité aux quelques
titres où le groupe ne se vautre pas dans le pire mauvais goût, ça n'est
pas vraiment suffisant. Dans la mesure où il semble assez unanimement
être considéré comme un des incontournables du groupe, je suis de moins
en moins sûr de poursuivre longtemps l'aventure Dream Theater.
- Dream Theater - Awake (1994) ★ ½
Troisième album du groupe, l'ambiance est très différente du précédent,
mais on ne peut pas dire que le déclic se soit vraiment produit chez moi
pour autant. Déjà, ça démarre très bizarrement avec ce 6:00
agressif qui a presque des relents de RATM, j'ai détesté à la
première écoute mais c'est en fait assez intéressant, plus en tout cas
que les quelques ballades placées en cours d'album et qui sont une fois
de plus bien insipides (The Silent man, c'est franchement
mauvais). Il faut dire aussi que je ne suis vraiment pas convaincu par
la performance du chanteur sur ce disque, qui pousse toujours de façon
artificielle, que ce soit quand il est censé chanter agressivement (il
n'a pas la voix pour de toute façon), ou au contraire quand il prend une
sorte de pose inspirée pour les chansons plus calmes (Lifting shadows
of a dream), c'est fort pénible. Niveau instrumental, pas de doute,
ça assure (et pour le coup les compositions à tiroirs incompréhensibles
ont été évitées malgré quelques développements instrumentaux techniques
sans intérêt), mais ça me laisse tout simplement froid la plupart du
temps, ça s'écoute sans plus... Les seuls titres qui me font réellement
dresser l'oreille sont The mirror (incroyable, le synthé vintage
fonctionne très bien sur celle-ci, d'ailleurs de façon globale le synthé
est très supportable sur cet album), et surtout la piste conclusive
Space-dye vest sublime malgré un piano pas très beau (m'enfin ça
remplace quand même avantageusement le clavier) et des maniérismes
évitables (bruitages et autres passages parlés). Mais bon, presque 70
minutes de musique peu emballante avant d'en arriver là, est-ce que ça
en valait vraiment la peine ? Sauf coup de coeur inattendu, je ne ferai
pas de compte-rendu détaillé des albums suivants du groupe.