Coupe de France 2010 : Finale de Comité
Ca y est, après quelques tentatives avortées, j'ai enfin, pour la
première fois, l'occasion d'aller disputer une finale de comité de coupe
de France, et donc d'assister à la cérémonie rigolote qu'est le tirage
au sort. Je ne jouerai pas la première mi-temps du premier match, maisje
tenais (en bon capitaine !) à être là à ce moment-là. D'autant plus que,
vu le niveau très relevé du champ de 64 équipes restant en lice, le
match de l'après-midi peut se situer assez aléatoirement entre la
promenade de mise en jambes et le challenge quasi-insurmontable. Pour
nous, après quelques minutes d'attente, le sort en a décidé, ce sera
définitivement la deuxième option : équipe Oursel, indice 400, on ne
part pas favori, pour faire un bel euphémisme. Ne reste plus qu'à se
défendre du mieux qu'on peut et à espérer.
La première mi-temps, donc, est laissée aux bons soins de Patrick et
Frédéric (face à Quentin Robert et Stéphane Garcia) et Jean-Luc et
Gilles (face à Marlène Duguet et Franck Riehm) avec des kibbitzs de luxe
issus de l'équipe de David Harari, qui est dispensée de ce tour,
l'équipe qui leur est opposée ne s'étant pas présentée. Sans surprise,
Frédéric et Patrick sortent en premiers, ils sont plutôt satisfaits,
malgré un coup qui risque de couter. Lorsque l'autre table achève,
Jean-Luc et Gilles semblent plus mesurés, et de fait ils n'ont pas une
feuille extraordinaire. Bilan : un gros coup pour nous (cf plus bas)
mais quelques-uns dans la mauvaise colonne (dont un assez rageant swing
de manche suite à un contrat joué dans l'autre sens via ouverture de
barrage en Texas chez les adversaires), nous sommes menés 57 IMPS à 31,
ce qui rend la mission en deuxième mi-temps vraiment très difficile.
Tout de même, notre bon coup :
Donne n°??
R D x
R 10 x x
x
A R x x x
|
|
A D 9 x x
A D x x x
D V x x x
|
Je ne suis pas certain des petits coeurs dans chaque main, mais il y
avait juste ce qu'il fallait pour rentrer 7
malgré les
atouts 4-0 en Nord. Le tout étant d'y arriver après l'ouverture de 4
de Sud. À la table de Patrick et Frédéric, après le contre
d'Ouest, Frédéric a enchéri 5
et le grand a été trouvé.
De l'autre côté, je n'ai pas la séquence mais mme Duguet-Riehm n'ont
même pas joué le petit chelem. Un gros coup de 14 pas vraiment suffisant
pour équilibrer la mi-temps, mais une donne à mon avis intéressante à
discuter niveau défense contre les barrages (il faut non seulement avoir
un système bien mis au point, mais aussi bien connaitre le style du
partenaire pour optimiser sur ce genre de séquences, qui coutent
atrocement cher en IMPs en cas de mauvais choix).
Pour la deuxième mi-temps, Jean-Luc et Gilles changent de table pour
aller se frotter à Garcia-Robert, et nous rentrons en lice avec Marc
contre Michel Duguet et Christophe Oursel. Très bonne ambiance à la
table, même si j'ai du paraitre assez peu jovial à Oursel, du même côté
du paravent que moi, dans le mesure où étant à moitié malade je
préférais rester bien concentré sur mes cartes. Ce qui ne m'empêche pas
de commencer avec un coup fort douteux : ouverture de 2
chez Oursel, on n'avait pas reparlé de notre défense alors qu'on vient
d'être prévenus, et j'interviens tranquillement à 2
"naturel". Sauf que c'est censé être appel court à pique. Je me retrouve
quelques instants plus tard à jouer 3SA avec 19 points dans la ligne,
pour -2 seulement et -2 IMPs seulement aussi (je ne sais pas s'il y
avait appel à l'arbitre/réparation quelconque possible sur ce coup, le
contre étant effectivement difficile à trouver, mais Duguet a laissé
filer).
Suit le premier 3SA sans histoire de la mi-temps (ouverture light chez
Oursel, mais une bombe chez Duguet, 12 levées), puis une donne plus
intéressante :
Donne n°12
A x x
10 8 x x
V 10 x
D 10 x
|
| x
A V 7
R D x x x
A R x x
|
À notre table, ouverture en Est d'1
, intervention à 1
en Sud (comme toujours, Sud c'est moi), Duguet décide de
contrer, soutien à 3
de Marc, nouveau contre (d'appel)
chez Oursel, et ça finit à 4
joué par Christophe Oursel,
sur entame Dame de pique. Après une certaine réflexion (dans une
mi-temps jouée sur un tempo soutenu), il a décidé de jouer les coeurs
normalement : petit vers le 7 pour une de chute alors que je possédais
R9 secs à coeur (on peut donc rentrer le contrat en jouant vers le
Valet, puis le buffalo au deuxième tour). Assez normal, semble-t-il. À
l'autre table, Robert-Garcia ont sorti un de leurs gadgets : ouverture
de 2
bicolore majeur faible (au moins 4-4) en Nord, suivi
après l'intervention à 2SA de Gilles d'un plongeon à 4
en
Sud. Nos partenaires ont eu le bon goût de contrer pour -3 et 12 IMPs de
notre côté. On ne saura jamais si 5
aurait été rentrée
après l'ouverture indiquant les majeures...
On enchaine avec un 3SA peu passionnant dans chaque ligne (je gagne 2
IMPs de surlevée sur le mien), puis apparait un autre gadget, à notre
table cette fois-ci. Je possède
ARxx
D10xxx
10x
xx. Ouverture d'1
à ma gauche, intervention à 1
chez Marc, 1
indiquant les piques chez Oursel, je contre pour indiquer des
coeurs (ça on en avait discuté), et Marc répond 2
, les
adversaires restant silencieux. C'est là que les choses se compliquant :
que signifie exactement ce 2, comparé notamment à un simple passe
? Etant vert, j'ai lâchement passé, empaillant face à un jeu du style
x
ARxx
RDVxx
xxx. En face, Robert-Garcia, si j'en crois la feuille de
scores, ont bien annoncé une manche ... à 4
?? quoi qu'il
en soit, deux de chute pour leur contrat et 7 IMPs inattendus. Mine de
rien, nous ne sommes plus qu'à 7 IMPs de retard quand intervient une
donne essentielle :
Donne n°16
A x x
x
V x
D V 9 x x x x
|
|
D 10
A x x
A R D x
R 10 x x
|
Aux deux tables, ouverture de 3
rouges contre verts,
qu'auriez-vous fait avec la main de Sud (tiens, je me suis mis en Nord
pour une fois ; en tout cas, les deux Nord sont connus pour être
agressifs) ? Comme vous pouvez le constater, le chelem est excellent ;
en l'occurence il chute sur une entame improbable à pique (RV en Ouest)
avec RDVxx à coeur chez l'entameur. Commentaire de Michel Duguet après
le coup "Avec RDV je savais bien que c'était une donne préparée et que
j'aurais du trouver une autre entame". Pas très important pour lui
puisque Marc s'est contenté de répondre 5
sur mon
ouverture. De l'autre côté, séquence à peine plus longue : 3
- 3
- 3
- 6
.
L'entame a bien sûr été la même, 13 IMPs du mauvais côté. Après mûre
réflexion, il me semble qu'il faut tout de même faire un effort avec la
main de Nord, il y a pas mal de configurations qui le rendent tout à
fait jouable. Mais très franchement, je n'ai aucune idée de ce que
j'aurais fait à la table avec la main de Marc...
Nous continuons avec la donne 9 qui s'était égarée, où nos adversaires
empaillent une manche annoncée en face, 6 IMPs qui reviennent. Encore
huit donnes pour remonter 14 IMPs. Nous en récupérons immédiatement 3
supplémentaires en limitant un 3SA adverse à neuf plis suite à une
enchère adverse téléguidant la meilleure entame. Puis deux donnes
anodines nous font reperdre 1 IMP chacune. Une donne plus importante se
profile :
Donne n°4
Vul : T
| x
x x x
R V x x x
A R x x
|
R x x x x
x x
x x x
x x x
|
| A D x x
A D V x
x
x x x x
|
| V x x
R 10 x x
A D x x
D x
|
Chez nous, ouverture d'1
chez moi, 2
soutien mineur inversé en Nord, Christophe Oursel contre, je passe,
Duguet propose évidemment 2
, puis c'est l'escalade :
3
3
4
(un peu enchéri avec
le jeu du partenaire). Hésitation chez Marc, qui finit pas passer.
Entame pique suivie de la Dame de coeur, je claime paresseusement 10
plis. De l'autre côté, je ne sais pas la séquence mais ils ont abouti à
5
. Même entame, mais Gilles joue As puis Dame de coeur.
Nous avons eu, je crois, une hallucination collective sur le fait que ça
changeait le sort du contrat de tirer l'As de coeur ou non, car un
squeeze simple se développe toujours contre Est. On tire tous les atouts
en coupant en chemin deux piques au mort, et on garde
10x(x)
Dx face à
(x)
ARxx. Le pauvre Est est obligé de garder ses quatre trèfles sous peine
de donner immédiatement le onzième pli, et doit donc sécher son coeur
(As ou Valet). Il suffit alors de rejouer coeur et prendre le retour
trèfle pour tirer un coeur maitre. Bien joué de la part de nos
adversaires, 10 IMPs pour eux.
Suit une manche tendue à trèfle qui chute inexorablement aux deux
tables, puis un 3SA chez nous qui fait 12 plis quand les impasses
marchent les unes après les autres, et enfin une donne compétitive où
les deux tables prennent la bonne décision d'aller jouer un 3
pas sur table mais qui rentre. Avant la dernière donne, c'est
cuit pour nous, mais nous allons perdre encore quelques IMPs de façon
assez curieuse. Pour finir en beauté, je décide d'ouvrir en premier
x
AD9x
xxx
Axxxx, ce qui a pour conséquence d'empêcher mon partenaire de faire un
barrage "2 majeur bicolore" en troisième, et en plus permet à nos
adversaires d'enchérir naturellement 3SA, la bonne manche, malgré leur
fit coeur. De l'autre côté, donc, ouverture de 2
bicolore
en troisième, Gilles choisit de ne pas intervenir avec ses 15 points
plats et son arrêt pique, et NS sont laissés libres d'aller chuter
tranquillement 3
. Petite précision : Gilles et Jean-Luc
jouent un SA faible (10)11-14 dans cette position, donc Gilles avait
cette inférence supplémentaire dans sa décision de passer.
Nous perdons 8 IMPs sur cette dernière donne. La deuxième mi-temps a été
quasiment équilibrée puisque nous la perdons 30 à 35 (sur un nombre de
donnes intéressantes finalement assez réduit), ce qui fait un score
final de 61 à 92. Pas déshonorant, mais une bonne défaite quand même. Il
y a eu, comme d'habitude, des erreurs de notre côté, et les adversaires
ont été présents sur les donnes importantes, comme le sont les bonnes
équipes. Si nous avions réussi l'exploit de passer ce tour, le tirage
suivant aurait été tout aussi sympathique : équipe Messika, avec outre
la paire Messika/Bensusan, Catherine d'Ovidio, Philippe Cronier, Lionel
Sebbane et Julien Gaviard. Bref, les premiers à l'indice...